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Musique traditionnelle Mafa (4e partie) : le zovaɗ 

Credit: Video de Moussa Moudoua – Source: https://www.youtube.com/watch?v=qlc1pX1YXtU

Tout au long de son histoire, le peuple Mafa a navigué maintes eaux troubles du fleuve existentiel. Mais, de toutes les adversités rencontrées, la famine se dessine nettement comme la plus redoutable. Les causes de ce fléau sont diverses (Cf. Seignobos « Aliments de famine » in Seignobos et Iyébi-Mandjeck (2000 :111). La famine est parfois d’origine humaine. À plusieurs reprises, les Mafa ont fait face à des envahisseurs qui se sont directement attaqués à leurs récoltes ou les ont forcé à abandonner les travaux champêtres à des moments critiques. En se réfugiant stratégiquement dans les zones montagneuses et en modifiant conséquemment ses techniques agricoles, le peuple Mafa a réussi à minimiser de tels risques. Laborieux et résilient, il s’est forgé une économie de résistance. La pathologie végétale fit des ravages, mais son impact fut largement réduit grâce à l’alternance biennale entre le daw-daw-á-geɗ (sorgho) et le ntəmas (mil à chandelle connu aussi sous divers noms, dont « petit mil », « mil perle » ou « mil pénicillaire »). 

Toutefois, l’ingéniosité et la résilience des Mafa ne suffisaient pas pour affronter les géants que représentaient les invasions des criquets, les dévastations des chenilles ou les aléas climatiques du fait de l’irrégularité des pluies.  En outre, les premiers mois de la saison pluvieuse sont souvent les plus durs, car ils correspondent à l’épuisement des réserves de mil, toute l’alimentation reposant sur une récolte annuelle. Dans un tel contexte, il est fort compréhensible qu’une explosion de joie accompagne le zovaɗ, la saison des prémices, plus précisément la maturité du mil.  

Certaines sources écrivent le terme « zovaɗ » autrement. Elles le transcrivent « závaɗ ». Le Lexique Mafa a opté pour cette dernière forme (Barreteau et LeBléis, 1990 :394). Cependant, la première formulation, qui est aussi celle retenue par Müller-Kosak (2003 :369), est plus proche de la prononciation originelle. Il reste maintenant à préciser le mois exact pendant lequel il est célébré.  Martin (1970 :19) le place au mois de novembre. Mais, en réalité, il est difficile d’être dogmatique là-dessus, car ce n’est pas tant le mois qui guide le zovaɗ mais la maturité du mil. C’est ainsi que certaines années, la célébration peut se faire un mois plus tôt.  C’est peut-être ce qui a conduit Lavergne à procéder prudemment en plaçant les mois de məsəla (octobre), heɗek ɗiya (novembre) et heɗek mənda (décembre) sous la coupole de zovaɗ  (1990 :70).

Le zovaɗ est une véritable fête car il annonce une bonne récolte, gage de victoire sur la faim. C’est précisément ce qui en fait l’une des musiques les plus sonores, athlétiques et joyeuses du peuple Mafa. Le vocable zovaɗ est en fait un mot composé de zo ou zá (montagne)et vaɗ (nuit). Cela révèle indirectement la genèse de cette musique. À l’origine, elle se jouait fort probablement dans la nuit, au clair de lune, et dans les montagnes pour célébrer la joie des prémices.  Ainsi, la joie était manifeste, mais de manière quelque peu réservée. En effet, il faudrait attendre les récoltes proprement dites pour que la joie atteigne son point culminant avec, à la clé, le n’gwolala (la fête). Bien entendu, la musique du zovaɗ était aussi la bienvenue de jour, car la période de répit située entre le dernier sarclage et la récolte s’y prête bien. 

Contrairement à la fête des prémices dans la tradition juive (Cf. Ex. 23 :14-16, Nom. 28 :26, Ex. 34 :22), le zovaɗ n’a pas une dimension religieuse et n’est rattaché à aucun rite sacrificiel. C’est plutôt la manifestation publique et musicale d’une allégresse communautaire.

L’un des traits distinctifs du zovaɗ est la prédominance du shingelek (flûtes à cornes). Les flûtes traditionnelles du peuple Mafa sont parmi les plus merveilleuses du monde. Elles se jouent en multiple de sept. Chacune d’entre elles a un nom et correspond à une note musicale unique. Ainsi, pour qu’un jeu de flûtes soit valable, il doit comporter les sept flûtes suivantes, dans l’ordre de succession musicale : ndèsh, gwala, zara, vokom, cegem, mbekem et tolom.

Ces noms peuvent varier d’une localité à une autre. C’est ainsi que Fritz (2009 :171), dont la recherche doctorale a porté sur les flûtes mafa, les nomme différemment, de la plus petite à la plus grande : chechega, paleyga, mbegue, maill, gsa, tcegem, et mdegem.

Source: Fritz, 2009 :171.

Nous remarquons que seul le cegem conserve sa place sur ces deux listes. Cependant, le nombre de flûtes est identique.

Gaimatakwan Kr Dujok (2007) présente une classification qui, sans respecter nécessairement l’ordre musical, a le mérite de faire ressortir le contraste entre deux villages précis:

Nous observons que même pour des localités aussi proches que Midré et Mandaka, il n’y a que deux appellations similaires: zara et cegem (tchéguem). L’académie Mafa devrait procéder à un travail d’harmonisation dans l’avenir.

Néanmoins, il est intéressant de retrouver invariablement sept flûtes sur chaque liste. A la base, il y a donc sept flûtistes. En fonction de la disponibilité des joueurs, il y aura 7, 14, 21 ou 28 flûtistes respectant scrupuleusement le rythme ambiant. Quand le nombre de flûtistes atteint un minimum de 14, les notes sont plus enrichies, car les musiciens incorporent automatiquement une note qui joue le rôle de transition entre une flûte et la suivante. Le résultat est une merveille encore sous-exploitée en ethnomusicologie. 

Source: Fritz, 2009 :171.

 Le moins qu’on puisse dire est qu’il débouche sur une harmonie qui laisse rêveuse la gamme pentatonique du ganzavar (la harpe Mafa) dans laquelle plusieurs spécialistes ont, à tort, tendance à enfermer la riche et dynamique musique mafa. 

Notons, en passant, que les Mafa ont une autre flûte solitaire, appelée zlewete, que les jeunes en âge de mariage jouent à l’approche de la saison pluvieuse pour courtiser les filles au moment de la cueillette des légumes. Il s’agit, entre autres, d’une « herbe à sauce » appelée mendjewel qui pousse généreusement en cette saison-là (bəgədza). Rekedai (2023) donne une liste plus exhaustive de ces légumes: « En plus de mendjewel, il y a le metehéɗ, le ngrew, le mokoyom wacak, le malama… » 

L’autre trait caractéristique du zovaɗ est sa polyvalence. Il peut se jouer dans un lieu fixe (place du marché ou lieu de rassemblement du village), mais aussi en se déplaçant d’un point à un autre, voire d’une localité à une autre. Voilà pourquoi il est souvent accompagné par le tambour d’aisselle (dezlézléo) quoique le tamtam (ganga) ne soit pas interdit à cette occasion. Les autres instruments de musique moins encombrants comme les castagnettes et les cymbales sont acceptés. Il convient de préciser que le n’gwolala, qui est un prolongement naturel du zovad, suit la même logique, à quelques variantes près.

La danse elle-même est spontanée. Toutefois, le mouvement dominant est celui du bas vers le haut. En outre, contrairement au houdok traditionnel, le milieu du cercle est réservé aux hommes. Les femmes dansent en périphérie tandis que pour le Houdok, c’est l’inverse. La raison est pratique. Rekedai (2023) la précise en ces termes: « Les hommes entourent les filles à la conquête desquelles ils partent en brandissant sur leur tête leur bâton de danse et autres gadgets préparés pour la circonstance. » À cela il faudrait aussi associer une raison sécuritaire car le houdok se danse à la fin de la saison sèche et exclusivement la nuit, au clair de lune. Or, à cette période de l’année, le paysage est dénudé et les villages sont plus vulnérables aux attaques.

Par ailleurs, le houdok n’a qu’une mélodie consacrée, mais le zovaɗ en a plusieurs. La plus célèbre d’entre elles brille d’ailleurs par sa nature hautement poétique :

N’wele,

N’wele, 

N’wele a kotaɓal Galdala.

N’wele a Magangaɓ Mazaya.

Ta bazlanə tsagi vazak a dem ga.

Ta ndedayə dema’a a mbelawa.

Cette chanson traduit l’immensité de la richesse et du bonheur (car n’wele renferme le concept de la richesse et du bonheur) en pays Mafa. Cette richesse couplée de bonheur est si répandue qu’elle va de Galdala vers Moskota, à Mazaya du coté de Roua. Dans un tel contexte, il est impensable qu’une fille soit maltraitée au point qu’on porte atteinte à sa pudeur et à sa dignité. En d’autres termes, la joie, le partage, le respect mutuel, et la justice sociale doivent régner à tous les niveaux.

Ci-dessous une autre sonorité du zovaɗ en version audio.

Credit: Yves le Bléis

L’artiste est Matasay Laye (Soulédé), de regretté mémoire. D’autres artistes, moins connus, laissèrent aussi un bel héritage musical à leur peuple. Les enregistrements suivants sont édifiants. Ils proviennent respectivement des villages Gouzda, Shugule, Mandaka et Koza.

C’est Yves le Bléis qui enregistra ces chants dans les années 1970. Il les met gracieusement à la disposition du peuple Mafa et de ses sympathisants.

Les contenus des autres chants du zovaɗ sont variés, mais centrés sur la joie de vivre, les excellentes relations humaines, la fierté, la bénédiction, et l’amour entre filles et garçons. Justement, pour ce qui concerne la dimension affective, un fait important mérite d’être relevé. Si la coutume Mafa donne la primeur de la déclaration d’amour au garçon, elle laisse une porte ouverte à la fille quoique de manière plus discrète. Dans ce domaine, le zovaɗ est une aubaine pour les jeunes filles car, comme le relève Tanagued (2023), elles offrent « du mil frais déjà retiré de l’épi et des arachides décortiquées » aux hommes pour lesquels elles manifestent un sentiment particulier. D’ailleurs, elles le font avec art et sourire. À cette occasion, traditionnellement, elles prennent le soin de placer ces cadeaux dans un petit récipient appelé gwa qu’elles fabriquent elles-mêmesIl est tressé à base de la partie supérieure des tiges de mil avec tout le tact et l’application dont les vaillantes filles Mafa sont capables.

La saison du zovaɗ est donc propice pour les fiançailles et le mariage. C’est aussi une occasion en or pour les musiciens en herbe. C’est pendant cette période – parfois légèrement avant- que les enfants s’exercent au jeu de flûtes en façonnant des instruments à base d’argile ou de branches d’annona senegalensis (gonokwad) ou encore de jatropha (magalay ou gwazlavay). À l’occasion, ils esquissent des pas de danse, à la manière des jeunes et des adultes et arborent parfois fièrement des chapeaux de paille qu’ils ont fabriqués eux-mêmes. Décidément, la joie du zovaɗ est positivement contagieuse.

Prof. Moussa Bongoyok

Copyright (c) 2023 

Références

Barreteau, D. et Le Bleis, (1990). Y. Lexique Mafa. Paris : ORSTOM.

Fritz, T. (2009) Emotion investigated with music of variable valence – neurophysiology and cultural influence. [Unpublished doctoral dissertation]. University of Potsdam.

Gaimatakwan Kr Dujok, A. (2007. Chant et histoire chez les Mafa du Mayo-Tsanaga. XIXè-XXè siècle. [Unpublished  Master thesis]. Université de Ngaoundéré.

Lavergne, G. (1990. Les Matakam – Nord Cameroun. Paris.

Martin, J.-Y. (1970). Les Matakam du Cameroun. Paris : ORSTOM.

Müller-Kosak, G. (2003). The Way of the Beer. London : Mandaras Publishing.

Rekedai F. J. (2023, 24 juillet) [Commentaire écrit sur cet article]. https://contributionsafricaines.com/2023/07/23/musique-traditionnelle-mafa-4e-partie-le-zovaɗ/

Seignobos, C. et Iyébi-Mandjeck O. (2000). Atlas du Nord Cameroun. IRD Éditions.

Tanagued, B. (2023, 25 juillet) [Commentaire écrit sur cet article]. https://contributionsafricaines.com/2023/07/23/musique-traditionnelle-mafa-4e-partie-le-zovaɗ/

Support audio-visuel

Source vidéo: Moussa Moudoua

Sources audio: Yves le Bléis

LA CÔTE D’IVOIRE RÉAGIT: Excellent exemple de prise de position en faveur de la famille en contexte africain

Le REMEAF et Contributions africaines saluent la courageuse position des députés et des leaders religieux ivoiriens en faveur de la famille. Cet acte devrait inspirer les autres leaders du continent africain! Prière d’écouter l’audio ou de visualiser la vidéo ci-dessous.

REMEAF and Contributions Africaines salute the courageous position of Ivorian Members of Parliament and religious leaders in favor of the family. This act should inspire other leaders of the African continent!Please listen to the audio or view the video below

WHO WILL LIVE FOR THOSE WHO NO LONGER HAVE HEADS? A shout in the desert of International Community

You didn’t hear… or did you hide willingly under the bed of abstraction?

Maybe you did hear about Boko Haram and other terrorist movements in action…

But, you see, your geography professor told you as did your musician,

With all the calm and seriousness of an academician,

That Kousseri, Maroua, Mora, Tourou, Moskota, Koza, Ouzal, Mozogo,

And other localities or infrahuman countries must go,

Because their humanity index is so low, and,

They are located on an unknown planet, the land of tomorrow.

Why worry about the future

While one calmly drinks today’s culture?

 

Maybe you didn’t see what is happening on social media as your soul became a taro…

Because, above all, you must set your economic priorities right to beat the antihero

And accumulate as much power and things as you can carry in your empty barrow.

Your business professor told you so, with his academic sombrero.

Your financial advisor is such a genius so different from the harrow

That you gather things, things and more things, and the great dinero.

You eat power, power and more power over bones without a marrow.

Aren’t they mere keys to your success today and tomorrow?

Your eyes can’t see while you dream to be the next pharaoh

And, after all, your neighbor is just a dried arrow!

 

Who will cry for those who no longer have heads?

Who will become a shelter for those who no longer have beds?

Who will eat for those who can no longer smell the odor of fresh breads?

Who will bring joyous colors to lives painted in multiple reds?

Who will tell Europe, America, Asia and others, that Boko Haram spreads

Faster and deeper than the swiftest fighters and meds?

Who will act? Who will dig? Who will lovingly address the roots

Instead of relying solely on boots?

 

Oh! I wish you and I were the recovered triumphant shouts of the voiceless!

Oh! I wish you and I were the beautiful tears of the tearless!

Oh! I wish you and I were the real wealth of the resourceless!

Oh! I wish you and I were the reconstructed ramparts of the powerless!

Oh! I wish you and I were the regained smiles of the hopeless!

Oh! I wish you and I were the lost but found face of the faceless!

Oh! I wish you and I were the living image of the divine rock for the baseless!

Oh! I wish you and I were the real value of lives so priceless!

Regardless of our religious backgrounds, we are all humans;

Would you and I actively navigate against the currents and stop treating others as subhumans?

 

Moussa Bongoyok, PhD

Professor of Intercultural Studies and Holistic Development

President of Institut Universitaire de Développement International (IUDI)

Mission accomplie dans l’intégrité -Poème en hommage à Adama DIOUF (1964-2018)

adama diouf

Comment écrire quand les mains sont en grève

Et cachées dans le château des fibres du cœur ?

Comment parler quand la voix lutte sans trêve ?

Comment penser quand les larmes amères chantent en chœur ?

Adama, ton départ est si brusque

À nos yeux enveloppés de douleur,

Que du fond de notre âme débusque

Un questionnement sans couleur :

Que signifie ce départ énigmatique

Sans Jàmm ak jàmm et le dernier jour de l’an ?

Est-ce un subtil sermon charismatique

Comme pour nous dire dans ton dernier élan

Que tu as déjà terminé ta mission et ta course

Après avoir servi avec amour, diligence, zèle et fidélité ?

Est-ce une invitation à puiser à la divine source

En toute sincérité et dans l’intégrité

Afin d’achever avec honneur notre terrestre pèlerinage

Quand viendra notre tour de rejoindre notre Créateur ?

Seigneur apprends-nous à gérer notre temps sans gaspillage.

De tous tes dons et talents fais-de nous d’excellents administrateurs.

Nous ses amis, ses parents, sa famille, ses sœurs et ses frères

Secoués par l’ouragan de la peine sur l’océan de la séparation.

Apprends-nous à garder les yeux fixés sur ta divine sphère

D’où jaillira la seule consolation de nos âmes en divagation.

 

                                                                                                                 Moussa Bongoyok

                                                                                                                  Le 1er Janvier 2019

Suite au décès du Pasteur Adama DIOUF survenu le 31 décembre 2018 dans son Sénégal natal et plus précisément à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Thiès des suites d’une courte maladie. Adama est né le 5 Septembre 1964 à Langomack au Sénégal. A l’heure de sa promotion en gloire, il était Président du Conseil d’Administration de l’Institut Universitaire de Développement International (IUDI) et WAR CC Advisor à World Vision.

Adama fut un excellent pasteur, un pionnier courageux, un enseignant dynamique, un missionnaire passionné, un visionnaire équilibré, un ami sincère de tous les enfants, un ambassadeur infatigable de la compassion chrétienne et de la paix auprès des adeptes de diverses religions à travers le monde, un excellent leader, un père de famille attentionné, un fidèle serviteur de l’Éternel.  Nous remercions le Seigneur qui a bien voulu nous le prêter comme camarade de classe, ami intime, plus que frère, et très proche collaborateur dans le ministère. Mon épouse Priscille et moi sommes également reconnaissants à notre Père céleste pour la grâce de le revoir encore en sa sainte présence et pour l’éternité selon la bienheureuse espérance décrite dans 1 Corinthiens 15. Nous invitons tous les frères et sœurs à prier et à soutenir son épouse Sylvie et leurs enfants.

Note: « Jàmm ak jàmm », qui apparaît dans le dixième vers, signifie « au revoir » en Sérère (la langue maternelle de Adama DIOUF).

(c) Copyright by Moussa Bongoyok, 2019.

Adieu papa –Poème en hommage au papa Bongoyok Djengai

 

Notre père, Bongoyok Djengai, a été promu en gloire le 7 Avril 2017  à Maroua des suites d’une courte maladie.

Rochers de Mbouzao, lancez un grand cri de détresse.

Un ennemi invisible s’est introduit dans la forteresse.

Hélas ! il a frappé durement et rapidement, tel un vent violent.

Hélas ! il se réjouit pour l’instant de son triomphe mirobolant.

Arbres de Soulédé, entonnez des chants funèbres.

Cailloux de Mbardam, portez la couleur des ténèbres.

Car le pionnier du poste agricole de Soulédé s’est évanoui,

Plongeant les cœurs éplorés de sa famille et de ses amis dans la nuit.  

Nuages de larmes, arrosez généreusement nos âmes.

Honorables lumières, veuillez cacher ce jour infâme.

Privez-le de l’éclat qui l’a vu naître d’un fils de Mbardam et d’une fille de Roua.

Effacez l’instant fatidique de son dernier soupir dans un hôpital de Maroua.

Papa, nous aurions voulu être à tes cotés au moment du grand voyage ;

Nous aurions souhaité te serrer dans nos bras sur le chemin des âges ;

Mais l’appel du Créateur en qui tu as cru était si pressant

Que tu t’en es allé sans attendre la mélodie de nos cœurs reconnaissants.

Tu fus pour nous un modèle d’ardeur au travail, de discipline, de courage,

De protection de l’environnement, de sagesse et d’amour sans barrage.

Ton investissement incontestable dans notre éducation

Depasse de loin les contours humains de l’appréciation.

Voici venu le temps de nous séparer pour un moment,

Au milieu de la désolation, de cris de douleur et de larmoiement.

Nos cœurs meurtris te disent : « nous nous reverrons un jour, va en paix papa,

Repose-toi dans les bras de celui qui te donna vie, passion et compas. »

Père Eternel, toi qui nous donnas notre père biologique,

Toi qui le repris en ton temps et dans ta divine logique,

Reçois la gloire qui te revient éternellement

Et daigne pardonner nos bégaiements.

 

Prof. Moussa Bongoyok

Californie (USA), le 8 Avril 2017

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2017

 

English translation of the above poem:

Rocks of Mbouzao, utter a cry of distress.
An invisible enemy has entered the fortress.
Alas! He hit hard and fast, like a violent wind.
Alas! He rejoices for the moment in his triumph.
Trees of Soulede, sing funeral songs.
Stones of Mbardam, wear the color of darkness.
For the pioneer of the agricultural post of Soulede has vanished,
Plunging the tears of his family and friends into the night.
Clouds of tears, water our souls generously.
Honorable lights, please hide this infamous day.
Deprive it of the splendor which saw him born of a son of Mbardam and a daughter of Roua.
Eliminate the fateful moment of his last breath in a hospital in Maroua.
Dad, we would have liked to be by your side at the time of the great journey;
We would have liked to hold you in our arms on the way of the ages;
But the call of the Creator whom you believed was so urgent
That you have gone without waiting for the melody of our grateful hearts.
You were for us a model of ardor at work, of discipline, of courage,
Of protection of the environment, of wisdom and love without a dam.
Your incontestable investment in our education
Far exceeds the human contours of appreciation.
Here comes the time to part for a moment,
In the midst of desolation, cries of pain and tears.
Our bruised hearts say to you: « We shall meet again one day, go in peace dad,
Rest in the arms of the one who gave you life, passion and compass. »
Eternal Father, you who gave us our biological father,
You who took him back in your time and in your divine logic,
Receive the glory that belongs to you eternally
And deign to pardon our stuttering.

(c) copyright by Moussa Bongoyok, 2017

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PROVERBES PARKWA (PODOKO)

Proverbes Parkwa (recueil 2)

  1. « Narә ujә yәwә da harә maɗi laki a daraja mәna », en Français : « Même une goutte d’eau dans la mer a sa valeur »

Explication : personne n’est insignifiant dans un groupe, chacun a son rôle à jouer et sa contribution à construire ensemble avec les autres

  1. « A utsəkә ka dә huɗa », en Français : « Tu as la poule dans le ventre »

Explication: Le proverbe s’adresse à celui qui mange trop et qui mange de tout, comme si une fois dans son ventre, une poule qui y demeurent mange tout et il a à nouveau faim.

  1. « A gәli a vaki kutәrә hiyә la”, en Français : « Le mil ne grandit pas en une journée »

Explication: Pour réaliser un projet, il faut de la patience. Ça ne se réalise pas du jour au lendemain, mais ça doit prendre du temps. Parfois, on ne s’aperçoit pas combien de temps et comment cela a pris, tout comme on ne peut s’avoir quand et comment le mil germe et grandit. (L’agriculture du mil est la principale activité économique des Parkwa).

  1. « Wayә mәgә deke », en Français : « regardez ce fou là-bas ».

Explication: selon une dévinette Parkwa, il s’agit de la porte. Elle est assimilée à un fou parce qu’elle est statique, inerte et immobile. Le fou c’est celui qui ne veut pas travailler. Il refuse de bouger parce qu’il ne veut pas travailler et il se prend au piège quand le danger arrive.

  1. « Ma tavә fәtәla ndi mudarә kәni farә ba sәda ŋgutsa », en Français : « Même quand on rase la tête les cheveux finissent encore par sortir »

Explication: ce proverbe était utilisé pour encourager les travailleurs au champ. Il faut en effet labourer le champ deux ou trois fois avant de récolter.

  1. « Menә mәndә dzalә slɨrә laki a uzhә mbulә la », en Français: « Celui qui a mal a la dent ne mange pas le tamarin »

Explication: lorsqu’on mange des tamarins non murs, les dents s’aggacent. De même, celui qui est malade doit éviter de manger tout ce qui peut aggraver sa maladie.

  1. « Gumba dә yәwә laki a tsamәla akә nda ndә yәwә ufuwә fa la », en Français: « le crapeau dans l’eau ne sais pas qu’il existe de l’eau chaude »

Explication: On peut se vanter, se divertir ou s’en foutre de tout; mais viendra un moment ou quelque chose va s’abattre sur nous à l’improviste, comme si on jettait un crapeau dans l’eau chaude.

  1. « Na menә mbәɗәla sәkurә ɓurә sә ɗala la; Na menә mbәɗәla ɓurә sәkurә sә shehi la », en Français : « Le sucre ne peut pas remplacer le sel dans la sauce, ni le sel remplacer le sucre dans le thé »

Explication : Nous avons ici joint deux proverbes, mais en réalité qui disent la même chose. Quelque la valeur qu’on représente à certains endroits, quelque part nous devenons sans valeur voire même un vice. Sachons dans ce cas nous retirer pour laisser la place à qui elle revient de droit. Une fois que le sucre est versé dans la sauce, ou que le sel est versé dans le thé, même une forte dose de l’ingrédient normal ne pourra pas réparer le problème d’un côté comme de l’autre.

  1. « Ba nәwalә ndәli hawә zlaɗa laki nәsa », en Français : « Un homme qui fuit devant un problème/un danger/une souffrance est une femme ».

Explication : Dans une famille, en cas de danger, c’est l’homme qui doit l’affronter tandis que la maman met les enfants à l’abri. En cas de souffrances et de problèmes, c’est le mari qui doit chercher les solutions, et subvenir aux besoins. Démissionner dans ces cas, c’est renoncer à la place de père de famille. Ce qui risque de créer un déséquilibre dans la famille en question.

  1. « A nda gana shifi la », en Français : « La vie n’a pas de prix ».

Explication : La vie humaine n’est pas une valeur marchande. Il faut être prêt pour sacrifier tout si cela peut aider à sauver ne serait-ce qu’une vie. Jusqu’à récemment dans les sociétés traditionnelles, on voyait une grande mobilisation pour aider les malades mourants ou les femmes enceintes. Mêmes les ennemis jurés s’entraidaient dans ces situations.

  1. « Dә vara kamba menә ŋә ndi tsamәla daraja ndәɗi yәwa », en Français : « C’est dans le désert qu’on reconnait l’importance d’une goute d’eau » (Oussalaka Jean Wadawa).

Explication : Quand on est dans le manque, même un apport minime a la valeur d’un grand don.

  1. « Sayә a tsari ɓәlәvә kwa lәkutu ŋә ndi dzɨgә nafә mәna », en Français: « C’est quand les jujubes sont bons qu’on en jette l’arbre [avec des pierres] ».

Explication : Quand l’arbre a de bon fruits, on le harcèle, on jette des pierres dessus, etc. pour que ses fruits tombent et qu’on en mange. De même, dans la vie, quand les gens s’acharnent sur toi, cela peut être le signe de la grandeur de ta personnalité.

  1. « Na manә ŋgәlalu ndi akә ndula ta da havә kayәutsәkә la », en Français: « On ne peut pas empêcher le chat sauvage de s’approcher du poulailler ».

Explication: Le chat sauvage se nourrissant des volailles, on peut dire qu’il est impossible d’éloigner un individu de là où se trouve la source de sa ration alimentaire. Le proverbe était destiné à encourager les populations à revenir au village pendant les pluies pour cultiver les terres, héritages des ancêtres. Jusqu’à nos jours, plusieurs Podoko travaillant dans l’informel dans les grandes villes (Yaoundé, Douala, Ngaoundéré, Kousseri, Garoua, etc.) pour gagner leur vie, reviennent toujours au village vers les mois de mai et juin. Ils cultivent les terres, recoltent et repartent aussitôt en ville. Parfois, le père de famille demeure en ville, mais sa famille fait toujours ce type de va-et-vient

  1. « Mәtsәrә mbehә nawa, a mbehә tà pasla », en Français: « Le voleur vole les chèvres pour les égorger ».

Explication: Un voleur ne peut pas garder longtemps l’objet volé, ni chercher à le fructifier. “Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire”. Ceci est tellement réel dans le contexte traditionnel, où l’objet volé est grande et maniable.

  1. « Zlavә kәda ɓekә zaɓi a ce daŋa la », en Français: « Un chien ne se montre pas faible chez lui ».

Explication: Au village, le chien est chargé de garder la maison. Lorsqu’il aboit, il fait preuve de son autorité sur son territoire. Peu importe sa peur ou sa faiblesse, le chien aboit toujours à la vue de tout inconnu (homme ou animal) qui s’approche de sa zone. De même l’homme doit aussi se montrer courageux et fort quand il faut défendre sa propriété ou les siens.

  1. « Zlavә kәda uzhә ɗafә a patәwә la », en Français: « Le chien ne mange pas avec le choix ».

Explication: Dans presque tous les mythes et toutes les légendes traditionnelles Parkwa, les relations d’inimitiées sont symbolisées par le chien et le chat. Deux ennemis ne peuvent donc se mettre ensemble pour prendre un repas, à moins qu’ils ne se soient reconciliés. De même, la façon donc le repas est pris dans un environnement social, ou dans une famille, fait foi de l’état et de la santé de la relation entre les individus concernés.

  1. « Nda mәndә kurә dzәgwa zhɨdә mәtɨ dә huɗә harә la », en Français: « Personne ne peut changer les lignes dans les paumes des mains ».

Explication: Il y a des voyants qui lisent à travers les lignes des paumes des mains pour prédire l’avenir de la personne. Et comme ces lignes ne changent pas, cela laisse à entendre que notre destin est tracé bien avant notre naissance, et que nous n’avons qu’à l’accepter. Mais cette explication est fanatique. Pourtant, on peut le comprendre dans un notre sens: Dieu a pour chacun un merveilleux plan que nul ne peut changer.

  1. « A walalәda mehɨyaŋwә akә melɨya akә nda ndә kɨlәfә a dagala », en Français: « C’est la souris de la cuisine (mehɨyaŋwә) qui dit à la souris des champs (melɨya) qu’il y a du poisson dans l’étagère »

Explication: Dans l’architecture podoko, on construisait dans la cuisine une sorte d’étagère en terre battue pour garder les choses d’usage courante comme le sel, le cube, le poisson, la potasse, la graisse, etc. C’était donc un endroit privilégié de ravitaillement pour les souris. Parfois, on y retrouvait même des souris des champs. On estimait donc que c’est la souris de maison qui leur a filé l’information. Ceci sous-entend que les voleurs font commerce ensemble avec des troupes infiltrées dans les lieux cibles. Ou encore, en cas de problème de vol dans le village, il ne faut pas écarter l’hypothèse d’un complice au sein même du village.

  1. « Megirәla hәrәdegweɗe », Expression idiomique qui signifie en français « Quand on te fais du bien, toi tu réponds par le mal ».

  2. « Tà dzava kuzәrә laki sayә mbɨlәlaka mәkukuri maka dәhala », En Français: « Avant de commencer à attacher ton foin, tu dois d’abord étaler ta corde ».

Explication: Chaque chose à son temps, et il ne faut pas inverser les rôles. Dans certains, cas, la loi de cause à effet est incontournable: tu ne peux pas entamer le volet 2 du travail sans avoir terminé le volet 1, sinon le travail ne serait pas digne.

  1. « Menә mәndә a yәwә mbavә a cege laki, a dә ŋa dà bɨrәdә kuma sә udzara la! », En Français: « Celui qui a la soupe dans sa marmite ne doit pas aller à la chasse aux souris avec les petits enfants ».

Explication: Exhortation à éviter la gloutonnerie, l’excès de table et l’accaparement. Celui en a déjà assez doit laisser les autres chercher les leurs en tranquilité. La gourmandise ne paie pas.

  1. « Ŋgulәmә dakarә ndәguva ɗәwa harә menә ŋә jemi narә maka kwaraku ŋa », En Français: « Vaut mieux pour toi faire face à hyène que d’être jugé par ta conscience ».

Explication: La conscience est un juge interne. Elle nous condamne, nous ronge et peut nous détruire affectivement et moralement. Le mental est plus important que le corps, donc une attaque du mental par notre propre conscience n’est pas préférable à une attaque physique d’une hyène. Il faut donc que chaque homme soit en règle avec sa conscience, faire le bien et ne pas être accusé par sa propre conscience.

  1. « Ŋә wa hɨyә dà ɓɨzhә mekuɗehe na? », En Français: « A qui est ce mil que l’oiseau (de la famille de pigeons et colombes) va détruire? ».

Explication: La mekuɗehe est un oiseau de la famille des pigeons et des colombes, qui saccage les récoltes (mil et fonio principalement). Il déterre aussi les graines après la semence. On a mis sur pied plusieurs stratégies pour l’empêcher d’atteindre ses buts dans les champs. Selon le proverbe on peut aussi avoir l’interprétation selon laquelle, qu’il n’est pas sage d’entreprendre quelque chose quand on est pas sûr de la sécuriser et de la réussir. Nous devons travailler en connaissance de cause et, si on est sûr que l’entreprise est vouée à l’échec dès le début, voudrais mieux ne rien faire. Il faut d’abord écarter tous ce qui pourrait venir affecter négativement son évolution ou sa réussite. Souvent en période de famine, les couples chez les Podoko s’abstenaient de tout rapport sexuel pour ne pas avoir un enfant dont on sait qu’on n’en pourra pas prendre soin.

  1. « A dәfehe dәfә kәda ɗaba menә akә zlavә ŋa ndzi daŋa », En Français: « Le chien a perdu sa valeur à force de ne pas rester chez lui ».

Explication: Le rôle du chien dans les sociétés traditionelles est de garder la maison ou accompagner son maître à la chasse. Si le chien se promène çà et là de façon à demeurer plus ailleurs que chez son maître, il perd son importance aux yeux de celui-ci, il se dévalorise. Il en est de même pour les hommes, qui sont exhortés à ne pas oublier leurs origines, à toujours revenir chez soi pour aider les autres. Si avec nos richesses nous construisons ailleurs ce qui n’existe pas chez nous, nous contribuons à la regression de nos sociétés natales. Ce proverbe est de nos jours brandi quand un jeune podoko (garçon ou fille) ayant fait des études ou un travail aisé, entreprend un projet de mariage exogamique.

Proverbe soumis et commentés par Alliance Fidèle ABELEGUE – Etudiant à l’Institut Universitaire de Développement International (IUDI) et

à l’Université de Yaoundé I

(c) Copyright by Contributions africaines, 2016

Conférence internationale sur la famille

Affiche  IUDI Conference 2016.jpgProgramme de la conference.jpg

Proverbes africains collectés par le Dr. Emmanuel Béché pour le compte de l’UFDI et qui seront commentés ultérieurement.

 

Proverbes en langues africaines Langues Traductions en français Significations
Kat outou kama tol anguiyo Kenga/Tchad Voir avec les yeux ne tue pas la gazelle. Si le chasseur se contente de voir courir la gazelle, il ne pourra pas l’avoir comme gibier. Donc, il faut agir si l’on veut réaliser un projet; il faut fournir des efforts si l’on veut réussir.
Kada ayi kad gone korondjo Le soleil te donnera un petit poulet. Après avoir travaillé, on s’attend à une récompense.
Bourou wang nedj nafigna yo L’âne ne se moque pas des oreilles de ses semblables. Observe-toi avant de critiquer les autres.
Kla o do va dedingne Mada/Cameroun Le bébé est allé chez ses oncles maternels. L’enfant est endormi.
Dlangneza a ga zal shawé a ma heleré dédé da Le WC d’un paresseux ne se remplit jamais. Celui qui n’aime pas le travail n’a rien dans son grenier.
Ahal gagna monagna dingne dingne La main est attachée. Il/elle est égoïste.
Géné ba tua-na Gbanga/Cameroun L’étranger ne prend jamais possession de la maison hospitalière. On ne perd rien en offrant l’hospitalité à l’étranger.
Dé tua vi gon na koro On ne construit pas une maison après la tornade, mais avant. Les actes nécessaires doivent être posés à temps, jamais après.
Gan tui ée zu kara Qui est dépassé par sa charge accuse le coussin/ qui danse mal accuse son pantalon. Il est important d’assumer toujours la responsabilité de ses actes.
Nay may backna vi huda ngali kam kuna Massa/Cameroun On ne réclame pas la peau d’une chèvre brûlée. Une fille qui a connu tant d’hommes n’a pas le privilège d’une vierge.
Wurr nikk kud mulamna La sueur coule sur toi (personnellement). On doit résoudre les problèmes familiaux en famille.
May koudi sey may koudi Haoussa/Cameroun Le riche ne traite qu’avec les riches. De nos jours, quand tu es pauvre, personne ne t’approche, personne ne veut de toi; tu restes seul dans ton coin.
Nélal sioutinaan, ammaa humtintaake Foulbé L’envoyé fait reposer l’envoyeur mais ne le satisfait pas. Quand vous envoyez une personne quelque part avec une information, l’information exacte ou originale arrive à destination avec beaucoup de modifications.
Mô lamàan mô haanné, mâa mô méête daknaan màa môhhàa aâ Dourou Tu manges le grand repas, tu ne te rassasies pas; ce n’est pas en nettoyant le fond de l’assiette avec du doigt que tu vas te rassasier.
Komie gubai na ge ma bbedjeg sei de dane ddi Nangjere Tu ne dois pas t’appuyer sur les genoux de ton prochain pour te lever. Ne compte pas sur autrui pour ta vie. Compte plutôt sur toi-même.
Toue gaï seubaa na keurandeureu gaï kaseureu Kabalaye/Tchad Quand une chèvre perce le « séco » pour sortir, tous ses « enfants » la suivent par la même voie. Tes mauvais comportements se transmettent à tes enfants.
Cicita tu d’a nga hla ahinad’a di Marba/Tchad Un seul doigt ne peut soulever une pierre. L’union fait la force.
Alein ma zlit akulo yorgo colol lâ mi te vut agu ma ned’a L’oiseau qui se lève tôt mange du fruit mûr. Le bonheur appartient à celui qui se réveille tôt.
Kakka njeda bälura digrat bei deîda Si le crapaud manque du poil au pubis, c’est parce qu’il est resté bras croisé. Rien ne se gagne sans peine; il faut d’abord travailler dur pour gagner son pain.
Ablauda ce njuvu ma galak’â Marba/Tchad On peut vider un fût d’eau salée, si l’on se met à en goûter tour à tour. Si plusieurs personnes s’entendent pour une cause donnée, ils peuvent la réaliser facilement.
Kubera ku jinie an beie kobie Nangjere/Tchad Le sang qui coule de ton nez passera par ta bouche. Quelles que soient les mésententes dans une famille, lorsqu’un frère est en difficulté, on est obligé de venir à son secours.
Kusie kang ddi, tu tie yaii bà À ton absence, ta chèvre met bas à un mâle. Personne d’autre ne peut mieux garder le bien de son prochain que le propriétaire lui-même.
Kulemaye gubaie ge ma bejege sue de dane ddi On ne peut pas s’appuyer sur les genoux de son prochain pour se lever. Il vaut mieux compter sur ses efforts personnels pour réussir plutôt que sur ceux d’autrui.
Bu sabur ra sa’a gordjo ku Zimé Le patient peut avaler une braise. Dans toutes circonstances, un homme patient a des solutions.
Béti ki bi ah sa moudjo al Mbaï Le singe qui dort ne mangera pas le haricot. L’homme est le boulanger de sa vie. S’il ne travaille pas, il n’a pas droit au pain.
Sinda goto ah al koro Si tu n’a pas de cheval, monte l’âne. Ne fait pas l’impossible pour résoudre un problème, contente-toi de ce que tu as.
Ci mkpaem me’ ne ta mbyi laebbi Tikar L’homme courageux seul ramasse beaucoup de termites. Le courageux ne recule pas devant les obstacles; il arrive toujours à ses fins.
Be ta ngwè banni lé ,shèli ci’ kwan Attache-toi les faveurs du piroguier même pendant la sécheresse. Ne néglige jamais les relations humaines; sois prudent et prévoyant.
Ngnyum mwu’ ta saèm ya konni Les cheveux grandissent, mais prennent soin d’éviter le front. Il faut savoir toujours se limiter; la patience a des limites.
Ngnyum mwu lwikwaen tà win yè wù danmi be’swu’ bwaeti Quand les cheveux de ton voisin brûlent, commence à tremper ta calvitie. Un homme averti en vaut deux.
A wouri hilife a haye pidi gnéme kayé Mousgoum On n’achète pas le poisson dans l’eau. Avant d’acheter un article ou de s’engager dans un projet, il faut d’abord bien le voir et y réfléchir.
Bera ur cu tiso djassimi Lame Celui qui s’énerve vite ne peut pas hériter des biens de ses parents. Si quelqu’un n’est pas patient dans la vie, il ne peut pas réussir les bonnes choses.
Vaïtchime cufary vaïhoubééé mi Un bélier ne peut pas devenir un bouc. Sois heureux de ce que tu es.
Bwe bwe djia ya de bwe ne nya kande Maka Rester longtemps sur une place finit par déchirer ton habit. Il faut quitter les choses ou problèmes avant qu’il ne soit trop tard.
Ngon yeil tar kei tôn Panbode/Tchad Le petit de l’oiseau accepte toujours son nid. Quelles que soient tes origines, n’y renonce pas.
Doevevogo te bet élé Éton Une seule main ne peut pas grimper un arbre. La solitude rend l’homme fragile; l’union fait la force.
Mintak mee ya te karnye La joie n’est pas contagieuse. Les états d’âme, les pensées et les comportements de l’homme ne sont pas prévisibles objectivement.
Ngul y tsan y na be La force du coup de pied se trouve dans la cuisse. La raison d’être, de vivre d’un individu se trouve dans sa culture. Il ne peut interagir avec son environnement que s’il y est intégré.
Y lee ndogo ya te woe piyes Le manguier ne produit jamais les avocats. L’individu provient héréditairement et socialement d’une entité sociale donnée.
Menyang mot ane meki me oyem o tui me vwa o mini e meme vwa Ewondo Le frère de l’homme est le sang qui coule de la langue, tu craches une partie, tu avales le reste. On ne peut abolir le lien de sang qui nous relie à nos frères.
Ba kar ki loué nvou be bele nding Ewondo On n’appelle pas le chien avec le fouet. On ne peut pas prétendre vouloir rassembler et réconcilier quand on fait preuve de méchanceté.
Ting elé biyon bi fey afan ndzang Si tu te retrouves deux fois sous le même tronc d’arbre en forêt, tu es égaré. Celui qui commet deux fois la même faute, manque de sagesse.
Wali kone wali ka yan Mbo/Littoral J’ai les ongles mais je n’ai pas le niébé. La providence ne peut pas tout donner. Il faut donc accepter ce que l’on a et s’en réjouir.
Mo bayoung a teum mo money Celui qui a des hommes autour de lui, dépasse celui qui a de l’argent. Il faut accorder la primauté aux ressources humaines et non à de l’argent.
Gawlangga ni wayara key vottara Moussey La prostituée est un jujubier au bord de la route. La prostituée est exposée à tout type de danger.
Vamang loomu ham mang lunama ka biidi Le criquet destiné au crapaud ne peut pas échapper. Personne ne peut détruire la chance de l’autre.
Korra li bona cini, golo,ga lawgio Quand l’âne finit de boire de l’eau au puits, il veut que ce puits soit bouché. Une fois que vous ayez rendu service à un malhonnête, celui-ci ne vous reconnaît plus.
Laïra Picoloni irité ni tintin Les oiseaux de même plumage volent ensemble. Ceux qui vivent ensemble se ressemblent et ont tendance à adopter les mêmes comportements.
 Lhara kaï lhalhaguara ni kai barima halaug Le sort réservé au criquet est réservé à tous les insectes. Dans une situation de guerre, on ne cible pas seulement le chef, mais l’ensemble des éléments du groupe.
Lhara djivira an lata ka baguidi Un bienfait n’est jamais perdu. Un bon acte que tu poses sera toujours récompensé.
Fatta dew ka so zoydi Le soleil d’une journée ne sèche pas les arachides. Les premières fautes sont facilement pardonnables.
Suu bay korokna tin voumdemba u djéera Les paresseux accusent le mange-mil. Celui qui ne n’aime pas le travail ou ne fait rien de sérieux trouve toujours des excuses en accusant les autres.
Kaka u gina bowong gina kangu Le hangar finira par s’écrouler sur celui qui reste longtemps sous son abri. Rester longtemps sous la dépendance de quelqu’un n’est pas une assurance. Car il finira toujours par vous abandonner d’une manière ou d’une autre, soit par la mort, le refus…
Ngot ta lhou ka tindi grak votti On n’abandonne jamais une calebasse au croisement des routes. Une fille qui manque d’une meilleure éducation peut être abandonnée à cause de son mauvais comportement.
Banang-na dang wayang soung-na L’ami intime est plus qu’un frère consanguin. Par rapport à un frère de même sang, l’ami intime peut mieux gérer ce qu’on lui confie. Car le consanguin ne tardera pas à abuser de la confiance de son autre frère.
Sounda ong so ngolo Le travail libère ou offre une grande récompense. Celui qui rend beaucoup service obtient toujours une récompense, même celle à laquelle il ne s’attendait pas du tout.
Vira hirhirra ni wayna plantanga La brutalité est la sœur de la tragédie. Être brutal et imprudent  a toujours des conséquences désastreuses.
Bad va hay madei kana Massa On attrape facilement le criquet tôt le matin quand il y a encore la rosée. Il faut profiter des opportunités dès qu’elles se présentent.
Mul ngam fum jar zolnga La vraie huile se trouve dans l’os dur. C’est dans la persévérance et l’endurance que l’on parvient à vivre aisément.(c) Copyright by Emmanuel Beche et Université Francophone de Développement International, 2012

Pour acceder a notre blog: http://bongoyok.wordpress.com

Chers amis,

Nous avons remarqué des perturbations sur notre site <contributions africaines> depuis quelques temps. Nous sommes en train d’y remédier. En attendant, pour accéder à notre blog, veuillez le faire à travers le lien suivant: http://bongoyok.wordpress.com

Merci d’avance,

Moussa Bongoyok.

ADIEU TRES CHERE MAMAN, TU ES INOUBLIABLE ! (1940-2011)

Maman TEKODEI

Que la paix et la consolation du Seigneur soient notre partage !

La maman Tekodef Myriam (TEKODEI sur ses pièces d’identité) que nous pleurons aujourd’hui est née vers 1940 à N’dimshè dans le Mayo Tsanaga (Extrême-Nord du Cameroun) du feu Kalda Moroba et de la feue Bodom.  Elle a été rappelée par le Seigneur le jeudi 17 Février 2011 à l’âge de 71 ans. Elle a rendu son dernier souffle à l’Hôpital de Meskine -Maroua – des suites de maladie. Au moment de son départ, maman laisse un veuf, un frère, six enfants, trente un petits fils et douze arrière-petits fils, qui ne l’oublieront jamais.

Je retiendrais toujours son amour spécial pour chacun de ses enfants. Chaque fois qu’il y avait un accident ou une calamité dans l’une des localités où résident ses enfants ou les membres de leurs familles respectives, maman ne dormait plus. Le sommeil ne revenait que lorsqu’elle était rassurée qu’ils étaient tous sains et saufs.

En ce qui me concerne, je n’oublierais jamais ses nuits blanches. En effet, elle veillait sur moi dans l’enfance, tant ma santé était fragile. Quand vint le moment d’aller à l’école, c’est elle qui alla vers mon oncle Hamadou et lui demanda de me faire établir un acte de naissance, pièce importante pour mon inscription à la SIL. C’est encore elle qui s’est battue pour payer les 75 francs de frais d’assurance scolaire alors qu’elle n’a jamais été à l’école et ne pouvait logiquement pas en comprendre l’importance. C’est également elle qui, à plusieurs reprises, m’a encouragé (en paroles et en actes) à persévérer dans les études quand j’étais tenté de jeter l’éponge à cause des privations et des souffrances diverses. C’est elle, et toujours elle, qui me prodigua de sages conseils. Elle me montra l’importance de respecter et d’aimer tout prochain que Dieu place sur mon chemin. Chaque fois que je lui rendais visite, elle me demandait d’aller d’abord saluer les voisins avant de causer avec elle. Le peu de cadeau que je lui apportais était toujours partagé avec les autres. Pour maman, les besoins des autres passent avant les besoins personnels. Maman a profondément marqué ma vie et si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à elle.

A l’instar du patriarche Jacob (Genèse 47 :9), notre maman a connu une vie pleine de souffrances et de douleur. Ce qui m’a fait le plus pleurer c’est le fait qu’au moment où je concevais un projet spécial pour elle afin de lui exprimer ma gratitude d’une manière toute spéciale et de réjouir son cœur, il a plu au Seigneur de la rappeler subitement. C’est comme si elle me disait en mourant en ce moment précis : « Mon fils, n’as-tu pas encore compris ma philosophie de la vie ? Ne pense pas à moi, pense plutôt aux autres mamans et à leurs enfants car elles sont aussi tes mamans ». Je m’efforcerais d’honorer cette voix dans la mesure de la grâce que le Seigneur m’accordera. En attendant, je ne puis que m’incliner humblement devant la volonté divine et dire comme Job « …Le Seigneur avait donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Job 1 :21). Ma consolation se trouve dans le fait qu’elle est enfin dans les bras de Celui qui essuie toutes les larmes humaines et qui saura la récompenser. J’ai eu le privilège de lui prêcher l’Évangile et de l’amener au Seigneur quand j’étais en classe de terminale au lycée de Mokolo. Je crois du fond de mon cœur que je reverrais maman auprès du Seigneur.

Aux membres de la famille, aux frères et sœurs en Christ et à tous les amis et sympathisants, je voudrais dire : Ne pleurez plus.  Notre maman se repose auprès de son Seigneur. Si vous l’aimez vraiment je vous prie de bien vouloir confier la direction totale de votre vie au Seigneur Jésus-Christ et de lui obéir fidèlement, car lui seul est la voie qui mène à la vie éternelle (Jean 14 :6). Soyez unis, solidaires et aimez tous vos prochains sans considération raciale, ethnique ou confessionnelle à l’exemple de notre mère qui a été promue en gloire.

A chacun je voudrais, au nom de la famille élargie, exprimer notre profonde gratitude pour la peine que vous avez prise de braver la distance, les conditions de la vie en campagne, et les difficultés de parcours pour nous assister en ces circonstances combien douloureuses. J’aurais voulu être personnellement à vos côtés, serrer la main de chacun et exprimer ma gratitude à vive voix. Hélas, je ne puis effectuer le déplacement en ce moment pour des raisons indépendantes de ma volonté. C’est pour cette raison que je me fais représenter par le Président de l’UEEC, le Rev. Hamadina Salomon. Mon épouse Priscille et moi comptons voyager plus tard si le Seigneur le permet. En attendant, je vous suis très reconnaissant et prie que le Seigneur vous bénisse richement en retour.

Paix, espérance et consolation en notre Seigneur Jésus-Christ !

Moussa Bongoyok, PhD

17 février 2011

Poème: Si je t’oublie maman…

Si je t’oublie, ô ! maman,

Que ma main droite m’oublie !

Ton amour brave le temps

Ta bonté est établie.

Maman, ma chère maman,

Tes yeux ont versé des larmes,

Ton cœur fut blessé souvent,

Mais il a gardé son charme.

Tu m’as porté en ton sein.

Ma santé était fragile,

Mais jamais tu ne t’es plaint.

Tu as agi en vigile.

Tu n’as pas appris à lire,

Tu n’as jamais su écrire,

Mais si j’ai étudié,

C’est grâce à ton radier.

Tu as bravé la souffrance,

Pour faire de moi un homme.

Sans ton amour, mon enfance

N’aurait pas connu d’arôme.

Seigneur, bénis ma maman

Du haut de ton firmament !

Entoure-la de ta grâce,

Fais briller sur elle ta face.

Si je t’oublie, ô ! maman,

Que mon bras aille au vent !

Je pense à toi maman  

Car ton amour est vivant.

CEFCA, Abidjan

13 Mai 2000 20h15 (poème écrit près de 11 ans avant la promotion en gloire de notre mère).