Archive for the ‘malheur’ Category

Adieu papa –Poème en hommage au papa Bongoyok Djengai

 

Notre père, Bongoyok Djengai, a été promu en gloire le 7 Avril 2017  à Maroua des suites d’une courte maladie.

Rochers de Mbouzao, lancez un grand cri de détresse.

Un ennemi invisible s’est introduit dans la forteresse.

Hélas ! il a frappé durement et rapidement, tel un vent violent.

Hélas ! il se réjouit pour l’instant de son triomphe mirobolant.

Arbres de Soulédé, entonnez des chants funèbres.

Cailloux de Mbardam, portez la couleur des ténèbres.

Car le pionnier du poste agricole de Soulédé s’est évanoui,

Plongeant les cœurs éplorés de sa famille et de ses amis dans la nuit.  

Nuages de larmes, arrosez généreusement nos âmes.

Honorables lumières, veuillez cacher ce jour infâme.

Privez-le de l’éclat qui l’a vu naître d’un fils de Mbardam et d’une fille de Roua.

Effacez l’instant fatidique de son dernier soupir dans un hôpital de Maroua.

Papa, nous aurions voulu être à tes cotés au moment du grand voyage ;

Nous aurions souhaité te serrer dans nos bras sur le chemin des âges ;

Mais l’appel du Créateur en qui tu as cru était si pressant

Que tu t’en es allé sans attendre la mélodie de nos cœurs reconnaissants.

Tu fus pour nous un modèle d’ardeur au travail, de discipline, de courage,

De protection de l’environnement, de sagesse et d’amour sans barrage.

Ton investissement incontestable dans notre éducation

Depasse de loin les contours humains de l’appréciation.

Voici venu le temps de nous séparer pour un moment,

Au milieu de la désolation, de cris de douleur et de larmoiement.

Nos cœurs meurtris te disent : « nous nous reverrons un jour, va en paix papa,

Repose-toi dans les bras de celui qui te donna vie, passion et compas. »

Père Eternel, toi qui nous donnas notre père biologique,

Toi qui le repris en ton temps et dans ta divine logique,

Reçois la gloire qui te revient éternellement

Et daigne pardonner nos bégaiements.

 

Prof. Moussa Bongoyok

Californie (USA), le 8 Avril 2017

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2017

 

English translation of the above poem:

Rocks of Mbouzao, utter a cry of distress.
An invisible enemy has entered the fortress.
Alas! He hit hard and fast, like a violent wind.
Alas! He rejoices for the moment in his triumph.
Trees of Soulede, sing funeral songs.
Stones of Mbardam, wear the color of darkness.
For the pioneer of the agricultural post of Soulede has vanished,
Plunging the tears of his family and friends into the night.
Clouds of tears, water our souls generously.
Honorable lights, please hide this infamous day.
Deprive it of the splendor which saw him born of a son of Mbardam and a daughter of Roua.
Eliminate the fateful moment of his last breath in a hospital in Maroua.
Dad, we would have liked to be by your side at the time of the great journey;
We would have liked to hold you in our arms on the way of the ages;
But the call of the Creator whom you believed was so urgent
That you have gone without waiting for the melody of our grateful hearts.
You were for us a model of ardor at work, of discipline, of courage,
Of protection of the environment, of wisdom and love without a dam.
Your incontestable investment in our education
Far exceeds the human contours of appreciation.
Here comes the time to part for a moment,
In the midst of desolation, cries of pain and tears.
Our bruised hearts say to you: « We shall meet again one day, go in peace dad,
Rest in the arms of the one who gave you life, passion and compass. »
Eternal Father, you who gave us our biological father,
You who took him back in your time and in your divine logic,
Receive the glory that belongs to you eternally
And deign to pardon our stuttering.

(c) copyright by Moussa Bongoyok, 2017

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La souffrance précède le bonheur

“Mògò tè hèra sòrò ni i ma nyani.”  (proverbe bambara)

“On ne connaît pas le bonheur sans avoir éprouvé la souffrance.” (proverbe bambara)

“We do not know happiness without experiencing suffering.” (Bambara proverb)

Signification: Le bonheur ne s’obtient pas dans la facilité, il faut souffrir d’abord.

Source: http://voyageforum.com/discussion/proverbes-bambara-4-d5038788/ 3/26/16

 

Commentaire à la lumière de la Bible

Chaque année, la communauté chrétienne célèbre la reine des fêtes : Pâques. Paradoxalement, elle passe presque inaperçue. Pourtant, la naissance et la mort expiatoire de notre Seigneur Jésus Christ n’auraient aucun sens sans sa résurrection corporelle. Pâques est donc une occasion pour nous de célébrer la vie, la victoire sur la mort, la confirmation de l’œuvre de la rédemption et l’espérance de la vie éternelle. Mais Pâques est aussi une occasion de réfléchir sur la souffrance qui précède le bonheur car, comme le dit si bien la sagesse bambara, « on ne connaît pas le bonheur sans avoir éprouvé la souffrance.” En clair, derrière tout bonheur se cache la souffrance.

Le bonheur que nous célébrons en cette période festive a été arraché au bout d’une souffrance indescriptible et d’une mort brutale (Voir Esaïe 53 ; Matthieu 26 ; Marc 15 ; Luc 23 ; Jean 19). La Parole est devenue chair. Dieu a embrassé les dures conditions de la vie humaine après la chute. Le Seigneur Jésus Christ a bravé la soif, la faim, la fatigue, la haine, l’adversité, le rejet, la tentation, les moqueries, les fausses accusations, la douleur morale, la douleur physique et la mort atroce par crucifixion sans avoir été coupable. Mais, il a volontairement accepté de payer ce prix inestimable pour le bonheur de quiconque croit en lui et lui confie la direction totale de sa vie.

Oui, sans la souffrance endurée par le Seigneur par amour pour une humanité pécheresse et perdue, le chemin du bonheur ne s’ouvrirait pas devant nous. Pâques devrait donc être avant tout une célébration de l’amour de Dieu. C’est une occasion, plus que jamais, de lui exprimer notre reconnaissance pour son amour manifesté par le don, la mort et la résurrection du Christ Jésus. Et, en retour, que pouvons-nous donner au Créateur de l’univers et de tout ce qu’il renferme ? A priori rien, car tout lui appartient y compris la vie de chaque être humain. Voilà pourquoi, la meilleure façon de lui exprimer notre profonde gratitude est de lui restaurer la direction de notre vie et d’être des ambassadeurs de son amour. Aimons-nous les uns les autres comme il nous a aimé. Aimons même nos ennemis comme le Seigneur nous le recommande (Mt 5 :43-48). Un tel amour ne se fait pas sans douleur mais, comme Michel Houellebecq l’a si bien relevé « Il faut accepter l’amour avec tout son cortège de souffrances, parce que l’amour ne vient pas sans souffrance, et c’est par là qu’il est grand ! ».  

Au-delà de la joie du Seigneur qui nous anime en cette fête de Pâques n’oublions jamais la souffrance incomparable du Seigneur par amour pour nous. Soyons reconnaissants en paroles et en actes. Ne quittons jamais le sentier de l’amour qui sait braver les multiples facettes de la souffrance pour le plus grand bonheur de nos prochains et pour la gloire du Roi des rois.

Moussa Bongoyok

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2016

 

BAS LES MASQUES!

« Pats n’keɗ ngwoz a gi kayah » (n’gèlègedma mafahai)

« Un soleil qui a tue la femme dans le champ d’aubergine. » (proverbe mafa)

[Littéralement: « Un soleil qui tue la femme dans la case d’aubergine. »]

« A aun that kills the woman in the eggplant farm. » (Mafa proverb)

Signification: C’est un fait invraisemblable. C’est assez proche de la vérité mais complètement faux.

 

Commentaire à la lumière de la Bible

 

           Cette expression proverbiale plonge ses racines dans l’histoire lointaine d’un effort infructueux de masquer un crime passionnel. Tout est parti d’une violence conjugale qui a très mal tourné. Elle s’est soldée par la mort d’une femme des suites de coups que lui infligea son mari. Ce dernier, au lieu de reconnaître son forfait, se hâta plutôt de jeter le corps dans le champ d’aubergine – qui est l’un des domaines privés des femmes en pays mafa – et de clamer haut et fort son innocence tout en prenant le soin de préciser que c’est le soleil qui a tué sa femme pendant qu’elle cultivait. Malheureusement pour lui, les voisins ne tardèrent pas à découvrir la supercherie car, s’il est vrai que l’ardeur du soleil est redoutable en pleine saison sèche (surtout dans la période qui correspond à la fin de la saison sèche et que les Mafa appellent begdza), la température est plutôt clémente en saison pluvieuse. Ce mari fut donc condamné pour crime doublé de mensonge. Et c’est à partir de ce jour que les Mafa utilisent l’expression « le soleil qui a tué la femme dans le champ d’aubergine» pour designer, avec une bonne dose d’ironie, un fait invraisemblable. Elle est plus fréquemment utilisée quand le soleil est particulièrement brûlant.

            Cette parole de sagesse mafa nous rappelle une réalité dont la Bible parle abondamment : la tendance qu’a l’être humain à reconnaître difficilement ses fautes, voire à les rejeter sur les autres. Tout a commencé dans le jardin d’Eden où Adam, confronté par le Dieu Créateur immédiatement après la chute, pointa un doigt accusateur vers Eve. Eve, sans hésiter, accusa plutôt le serpent. Pourtant, chacun d’entre eux avait péché et le jugement divin frappa les trois (cf. Genèse 3).

            Au lieu de tirer des leçons de ce qui est arrivé à nos ancêtres, nous continuons malheureusement à nous livrer au même jeu avec une intensification effroyable. Par conséquent, le même virus moral fait d’énormes ravages dans nos sociétés humaines. Pourtant, tôt ou tard la vérité finira par éclater. Et, même si personne ne parvenait à découvrir la réalité ici bas, que ferons-nous devant le Seigneur qui connaît parfaitement le cœur humain et ses multiples masques ?

           Au lieu de tomber dans le piège du mensonge, du reniement, de fausses accusations, et de la supercherie sous ses multiples facettes, il vaut mieux avoir le courage et l’honnêteté de reconnaître sa faute ou sa part de responsabilité. La voie de la paix intérieure, du pardon et de la réconciliation avec Dieu et avec les prochains passe par là.

Moussa Bongoyok

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2015

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