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Musique traditionnelle Mafa (4e partie) : le zovaɗ 

Credit: Video de Moussa Moudoua – Source: https://www.youtube.com/watch?v=qlc1pX1YXtU

Tout au long de son histoire, le peuple Mafa a navigué maintes eaux troubles du fleuve existentiel. Mais, de toutes les adversités rencontrées, la famine se dessine nettement comme la plus redoutable. Les causes de ce fléau sont diverses (Cf. Seignobos « Aliments de famine » in Seignobos et Iyébi-Mandjeck (2000 :111). La famine est parfois d’origine humaine. À plusieurs reprises, les Mafa ont fait face à des envahisseurs qui se sont directement attaqués à leurs récoltes ou les ont forcé à abandonner les travaux champêtres à des moments critiques. En se réfugiant stratégiquement dans les zones montagneuses et en modifiant conséquemment ses techniques agricoles, le peuple Mafa a réussi à minimiser de tels risques. Laborieux et résilient, il s’est forgé une économie de résistance. La pathologie végétale fit des ravages, mais son impact fut largement réduit grâce à l’alternance biennale entre le daw-daw-á-geɗ (sorgho) et le ntəmas (mil à chandelle connu aussi sous divers noms, dont « petit mil », « mil perle » ou « mil pénicillaire »). 

Toutefois, l’ingéniosité et la résilience des Mafa ne suffisaient pas pour affronter les géants que représentaient les invasions des criquets, les dévastations des chenilles ou les aléas climatiques du fait de l’irrégularité des pluies.  En outre, les premiers mois de la saison pluvieuse sont souvent les plus durs, car ils correspondent à l’épuisement des réserves de mil, toute l’alimentation reposant sur une récolte annuelle. Dans un tel contexte, il est fort compréhensible qu’une explosion de joie accompagne le zovaɗ, la saison des prémices, plus précisément la maturité du mil.  

Certaines sources écrivent le terme « zovaɗ » autrement. Elles le transcrivent « závaɗ ». Le Lexique Mafa a opté pour cette dernière forme (Barreteau et LeBléis, 1990 :394). Cependant, la première formulation, qui est aussi celle retenue par Müller-Kosak (2003 :369), est plus proche de la prononciation originelle. Il reste maintenant à préciser le mois exact pendant lequel il est célébré.  Martin (1970 :19) le place au mois de novembre. Mais, en réalité, il est difficile d’être dogmatique là-dessus, car ce n’est pas tant le mois qui guide le zovaɗ mais la maturité du mil. C’est ainsi que certaines années, la célébration peut se faire un mois plus tôt.  C’est peut-être ce qui a conduit Lavergne à procéder prudemment en plaçant les mois de məsəla (octobre), heɗek ɗiya (novembre) et heɗek mənda (décembre) sous la coupole de zovaɗ  (1990 :70).

Le zovaɗ est une véritable fête car il annonce une bonne récolte, gage de victoire sur la faim. C’est précisément ce qui en fait l’une des musiques les plus sonores, athlétiques et joyeuses du peuple Mafa. Le vocable zovaɗ est en fait un mot composé de zo ou zá (montagne)et vaɗ (nuit). Cela révèle indirectement la genèse de cette musique. À l’origine, elle se jouait fort probablement dans la nuit, au clair de lune, et dans les montagnes pour célébrer la joie des prémices.  Ainsi, la joie était manifeste, mais de manière quelque peu réservée. En effet, il faudrait attendre les récoltes proprement dites pour que la joie atteigne son point culminant avec, à la clé, le n’gwolala (la fête). Bien entendu, la musique du zovaɗ était aussi la bienvenue de jour, car la période de répit située entre le dernier sarclage et la récolte s’y prête bien. 

Contrairement à la fête des prémices dans la tradition juive (Cf. Ex. 23 :14-16, Nom. 28 :26, Ex. 34 :22), le zovaɗ n’a pas une dimension religieuse et n’est rattaché à aucun rite sacrificiel. C’est plutôt la manifestation publique et musicale d’une allégresse communautaire.

L’un des traits distinctifs du zovaɗ est la prédominance du shingelek (flûtes à cornes). Les flûtes traditionnelles du peuple Mafa sont parmi les plus merveilleuses du monde. Elles se jouent en multiple de sept. Chacune d’entre elles a un nom et correspond à une note musicale unique. Ainsi, pour qu’un jeu de flûtes soit valable, il doit comporter les sept flûtes suivantes, dans l’ordre de succession musicale : ndèsh, gwala, zara, vokom, cegem, mbekem et tolom.

Ces noms peuvent varier d’une localité à une autre. C’est ainsi que Fritz (2009 :171), dont la recherche doctorale a porté sur les flûtes mafa, les nomme différemment, de la plus petite à la plus grande : chechega, paleyga, mbegue, maill, gsa, tcegem, et mdegem.

Source: Fritz, 2009 :171.

Nous remarquons que seul le cegem conserve sa place sur ces deux listes. Cependant, le nombre de flûtes est identique.

Gaimatakwan Kr Dujok (2007) présente une classification qui, sans respecter nécessairement l’ordre musical, a le mérite de faire ressortir le contraste entre deux villages précis:

Nous observons que même pour des localités aussi proches que Midré et Mandaka, il n’y a que deux appellations similaires: zara et cegem (tchéguem). L’académie Mafa devrait procéder à un travail d’harmonisation dans l’avenir.

Néanmoins, il est intéressant de retrouver invariablement sept flûtes sur chaque liste. A la base, il y a donc sept flûtistes. En fonction de la disponibilité des joueurs, il y aura 7, 14, 21 ou 28 flûtistes respectant scrupuleusement le rythme ambiant. Quand le nombre de flûtistes atteint un minimum de 14, les notes sont plus enrichies, car les musiciens incorporent automatiquement une note qui joue le rôle de transition entre une flûte et la suivante. Le résultat est une merveille encore sous-exploitée en ethnomusicologie. 

Source: Fritz, 2009 :171.

 Le moins qu’on puisse dire est qu’il débouche sur une harmonie qui laisse rêveuse la gamme pentatonique du ganzavar (la harpe Mafa) dans laquelle plusieurs spécialistes ont, à tort, tendance à enfermer la riche et dynamique musique mafa. 

Notons, en passant, que les Mafa ont une autre flûte solitaire, appelée zlewete, que les jeunes en âge de mariage jouent à l’approche de la saison pluvieuse pour courtiser les filles au moment de la cueillette des légumes. Il s’agit, entre autres, d’une « herbe à sauce » appelée mendjewel qui pousse généreusement en cette saison-là (bəgədza). Rekedai (2023) donne une liste plus exhaustive de ces légumes: “En plus de mendjewel, il y a le metehéɗ, le ngrew, le mokoyom wacak, le malama…” 

L’autre trait caractéristique du zovaɗ est sa polyvalence. Il peut se jouer dans un lieu fixe (place du marché ou lieu de rassemblement du village), mais aussi en se déplaçant d’un point à un autre, voire d’une localité à une autre. Voilà pourquoi il est souvent accompagné par le tambour d’aisselle (dezlézléo) quoique le tamtam (ganga) ne soit pas interdit à cette occasion. Les autres instruments de musique moins encombrants comme les castagnettes et les cymbales sont acceptés. Il convient de préciser que le n’gwolala, qui est un prolongement naturel du zovad, suit la même logique, à quelques variantes près.

La danse elle-même est spontanée. Toutefois, le mouvement dominant est celui du bas vers le haut. En outre, contrairement au houdok traditionnel, le milieu du cercle est réservé aux hommes. Les femmes dansent en périphérie tandis que pour le Houdok, c’est l’inverse. La raison est pratique. Rekedai (2023) la précise en ces termes: “Les hommes entourent les filles à la conquête desquelles ils partent en brandissant sur leur tête leur bâton de danse et autres gadgets préparés pour la circonstance.” À cela il faudrait aussi associer une raison sécuritaire car le houdok se danse à la fin de la saison sèche et exclusivement la nuit, au clair de lune. Or, à cette période de l’année, le paysage est dénudé et les villages sont plus vulnérables aux attaques.

Par ailleurs, le houdok n’a qu’une mélodie consacrée, mais le zovaɗ en a plusieurs. La plus célèbre d’entre elles brille d’ailleurs par sa nature hautement poétique :

N’wele,

N’wele, 

N’wele a kotaɓal Galdala.

N’wele a Magangaɓ Mazaya.

Ta bazlanə tsagi vazak a dem ga.

Ta ndedayə dema’a a mbelawa.

Cette chanson traduit l’immensité de la richesse et du bonheur (car n’wele renferme le concept de la richesse et du bonheur) en pays Mafa. Cette richesse couplée de bonheur est si répandue qu’elle va de Galdala vers Moskota, à Mazaya du coté de Roua. Dans un tel contexte, il est impensable qu’une fille soit maltraitée au point qu’on porte atteinte à sa pudeur et à sa dignité. En d’autres termes, la joie, le partage, le respect mutuel, et la justice sociale doivent régner à tous les niveaux.

Ci-dessous une autre sonorité du zovaɗ en version audio.

Credit: Yves le Bléis

L’artiste est Matasay Laye (Soulédé), de regretté mémoire. D’autres artistes, moins connus, laissèrent aussi un bel héritage musical à leur peuple. Les enregistrements suivants sont édifiants. Ils proviennent respectivement des villages Gouzda, Shugule, Mandaka et Koza.

C’est Yves le Bléis qui enregistra ces chants dans les années 1970. Il les met gracieusement à la disposition du peuple Mafa et de ses sympathisants.

Les contenus des autres chants du zovaɗ sont variés, mais centrés sur la joie de vivre, les excellentes relations humaines, la fierté, la bénédiction, et l’amour entre filles et garçons. Justement, pour ce qui concerne la dimension affective, un fait important mérite d’être relevé. Si la coutume Mafa donne la primeur de la déclaration d’amour au garçon, elle laisse une porte ouverte à la fille quoique de manière plus discrète. Dans ce domaine, le zovaɗ est une aubaine pour les jeunes filles car, comme le relève Tanagued (2023), elles offrent « du mil frais déjà retiré de l’épi et des arachides décortiquées » aux hommes pour lesquels elles manifestent un sentiment particulier. D’ailleurs, elles le font avec art et sourire. À cette occasion, traditionnellement, elles prennent le soin de placer ces cadeaux dans un petit récipient appelé gwa qu’elles fabriquent elles-mêmesIl est tressé à base de la partie supérieure des tiges de mil avec tout le tact et l’application dont les vaillantes filles Mafa sont capables.

La saison du zovaɗ est donc propice pour les fiançailles et le mariage. C’est aussi une occasion en or pour les musiciens en herbe. C’est pendant cette période – parfois légèrement avant- que les enfants s’exercent au jeu de flûtes en façonnant des instruments à base d’argile ou de branches d’annona senegalensis (gonokwad) ou encore de jatropha (magalay ou gwazlavay). À l’occasion, ils esquissent des pas de danse, à la manière des jeunes et des adultes et arborent parfois fièrement des chapeaux de paille qu’ils ont fabriqués eux-mêmes. Décidément, la joie du zovaɗ est positivement contagieuse.

Prof. Moussa Bongoyok

Copyright (c) 2023 

Références

Barreteau, D. et Le Bleis, (1990). Y. Lexique Mafa. Paris : ORSTOM.

Fritz, T. (2009) Emotion investigated with music of variable valence – neurophysiology and cultural influence. [Unpublished doctoral dissertation]. University of Potsdam.

Gaimatakwan Kr Dujok, A. (2007. Chant et histoire chez les Mafa du Mayo-Tsanaga. XIXè-XXè siècle. [Unpublished  Master thesis]. Université de Ngaoundéré.

Lavergne, G. (1990. Les Matakam – Nord Cameroun. Paris.

Martin, J.-Y. (1970). Les Matakam du Cameroun. Paris : ORSTOM.

Müller-Kosak, G. (2003). The Way of the Beer. London : Mandaras Publishing.

Rekedai F. J. (2023, 24 juillet) [Commentaire écrit sur cet article]. https://contributionsafricaines.com/2023/07/23/musique-traditionnelle-mafa-4e-partie-le-zovaɗ/

Seignobos, C. et Iyébi-Mandjeck O. (2000). Atlas du Nord Cameroun. IRD Éditions.

Tanagued, B. (2023, 25 juillet) [Commentaire écrit sur cet article]. https://contributionsafricaines.com/2023/07/23/musique-traditionnelle-mafa-4e-partie-le-zovaɗ/

Support audio-visuel

Source vidéo: Moussa Moudoua

Sources audio: Yves le Bléis

CHRISTMAS: ONE FESTIVAL, TWO KEY CONCEPTS

Today is a special day for Christianity. Many non-Christians have also adopted Christmas out of solidarity or for personal convenience. It, therefore, seems appropriate to us to stimulate reflection on the deep meaning of this festival and its impact on humanity in the light of Luke 2:13-14: “Suddenly, a great company of the heavenly host appeared with the angel, praising God, and saying, “Glory to God in the highest heaven, and on earth peace to those on whom his favor rests.” (NIV)

These words follow the birth of the Lord Jesus Christ and his solemn announcement to the shepherds who tended their flocks in the vicinity of Bethlehem. It was at night. The timing could not be better to announce the birth of the Light of the world. However, the symbol does not stop there because the choice of shepherds seems highly disconcerting. Indeed, the shepherds did not have a good reputation at that time. People perceived them as dirty, dishonest, and unreliable. They were, therefore, on the margins of society. But curiously, it is on them and not on the political authorities, the religious leaders, or the business men and women that the choice of God falls to have the scoop of this announcement as exceptional as it is. But what is the deep meaning of this divine strategy?

The hermeneutical key seems to reside in the two fundamental concepts: “glory” and “peace”. Although the original text is in Greek, the terms dóxa (glory) and eirênê (peace) naturally refer to Hebrew realities because the first listeners were Jews. Thus, the glory does not only translate the external beauty and the excellence of the divine nature. It also reflects the Hebrew term kavod, which means “glory, honor, respect, distinction, and importance.” Thus, beyond the aesthetic dimension, the divine majesty is so immense that its weight is terrifying. As a result, human norms and conventions crumble like a house of cards before divine glory, giving shepherds the same value in the eyes of God as any other individual in society. The reasoning is simple: everybody is welcome since even marginalized people are now valued. Christmas is good news for everyone, without any discrimination. What about the second concept?

Here too, it would be aberrant to see in peace mentioned in this text the notion of absence of war and conflict conferred by the etymological meaning of this term in Greek. Instead, this word is deeply rooted in the Jewish cultural and religious context. Thus, “peace” refers to the Hebrew term shalom. It confers the idea of harmony in all dimensions of the human condition. It is harmony with God, with oneself, with one’s fellow beings, with one’s activities, and with one’s environment. In short, it is holistic well-being. At Christmas, God announces to humanity the solution to the multidimensional imbalance caused by the fall in the Garden of Eden. Through Christ, God is interested in spiritual, physical, psychological, social, economic, environmental, and integral welfare of His creatures. It is also under this holistic paradigm that the Lord Jesus placed his ministry through reading the passage from the book of Isaiah, which relates to it in detail (cf. Luke 4:16-19 and Isaiah 61:1 -2 [old Greek version]). Thus, the shepherds have become agents of integral transformation. They promptly assumed this responsibility, spreading the good news in their immediate surroundings (cf. Luke 2:16-20). We then understand that if the outcast can be catalysts for holistic peace, those with a more honorable social position can do it more.

Therefore, this profound message has a broader scope than a superficial reading of the text! The fact that the text is available today, even translated into multiple languages and within reach of the contemporary public, challenges us all. To celebrate Christmas in the spirit of the biblical story is to go beyond the peripheral, material, commercial or worldly dimensions to live the values it contains. As former US President John Calvin Coolidge (1872-1933) so aptly said, “Christmas is not a day or a season; it’s a state of mind.”  Beyond Christmas’s lively and temporal character, human beings may draw from the depth of their relationship with the Creator of the universe and everything within it to be an instrument of peace in all its dimensions. In so doing, the world would be a better place to live. May it please the Lord to grant us the courage, wisdom, strength, and perseverance to be ambassadors of shalom, in words and deeds, in a world plagued by hostile forces and violence in its many forms!

Prof. Moussa Bongoyok

Christmas 2022

Valorisation des langues africaines au service du développement durable

L’Afrique est riche en valeurs culturelles et linguistiques. Elle compte en son sein 2 154 langues. Malheureusement, l’anglais, le français, l’arabe, le portugais et l’espagnol dominent encore le paysage académique, plus de soixante ans après l’indépendance. Que faire pour changer la donne ? L’Institut Universitaire de Développement International (IUDI) est convaincu que le développement du continent africain passe inéluctablement par la valorisation des langues et cultures africaines. Or, sur ce terrain, et malgré les imperfections relevées çà et là, les missionnaires chrétiens ont fait un excellent travail développant des alphabets pour des langues africaines en rédigeant des livres et brochures utiles pour l’enseignement, la santé publique, la formation professionnelle. En collaboration avec des Africains, ils ont aussi appris nos langues et traduit la Bible ou des portions des Saintes Ecritures dans diverses langues du terroir. Il revient à la nouvelle génération d’Africains, sans aucune discrimination religieuse ou ethnique, d’évaluer le chemin parcouru et de bâtir là-dessus pour redonner aux langues africaines ses lettres de noblesse de la maternelle jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur. Un Bantou, par exemple, devrait être en mesure de soutenir sa thèse de doctorat en langue bantoue sans transiter par une langue étrangère. L’IUDI s’y attelle et exige déjà que ses étudiants et étudiantes rédigent les résumés de leurs mémoires et thèses dans leurs langues maternelles.  Bien plus encore, il travaille avec ses agences d’accréditation pour que, dans un proche avenir, la rédaction des mémoires et des thèses puisse aussi se faire dans les langues africaines, pourvu que les membres du jury aient les qualifications académiques nécessaires et soient en mesure de lire, comprendre et évaluer le travail en question.

Mais, l’IUDI ne veut pas s’enfermer dans le silo académique puisqu’il se veut aussi un mouvement de développement transformationnel. Or, la religion et la langue jouent un rôle incontournable dans le développement durable. Aussi l’IUDI lance-t-il un concours annuel de lecture et de mémorisation de textes rédigés ou traduits dans les langues africaines. Un avis formel de concours sera annoncé très prochainement sur Contributions Africaines. En attendant, veuillez affûter vos talents linguistiques. Ci-dessous, le Président de l’IUDI donne l’exemple en lisant le 1er chapitre du livre de Proverbes en mafa.  

L’Institut Universitaire de Développement International (IUDI)

University of International Development

https://iudi.org/

Africa is rich in cultural and linguistic values. It has 2,154 languages. Unfortunately, English, French, Arabic, Portuguese, and Spanish dominate the African academic landscape more than 60 years after independence. What can fellow Africans do to change the situation? The University Institute for International Development (IUDI) thinks that the development of the African continent inevitably requires the enhancement of African languages and cultures. However, in this field, and despite the imperfections noted here and there, Christian missionaries have done an excellent job developing alphabets for African languages and translating books and pamphlets useful for teaching, public health, vocational training, and translating the Bible or portions of the Bible into various local languages. It is up to the new generation of Africans, without any religious or ethnic discrimination, to assess the progress made and build on it to restore African languages to their former glory from kindergarten to higher education. A Bantu, for example, should defend his doctoral thesis in the Bantu language without going through a foreign language. IUDI is aiming at it. It already requires its students to write abstracts of their dissertations and theses in their mother tongues. Much more, it works with its accreditation agencies so that, soon, students will have the option of writing their dissertations, and theses can in any African language, provided that the jury members have the necessary academic qualifications and can read, understand, and understand and evaluate the work in question.

Nevertheless, IUDI does not want to lock itself into the academic silo since it wants to be a transformational development movement. Religion plays an essential role in sustainable development. It, therefore, launches an annual competition for reading and memorizing texts written or translated into African languages. A formal notice of competition will be announced very soon on Contributions Africaines. In the meantime, please each African is kindly requested to hone his or her language skills. Below, the IUDI President sets an example by reading the 1st chapter of Proverbs in the Mafa language.

The University Institute for International Development (IUDI) University of International Development https://iudi.org/

Prof. Moussa Bongoyok

The Prayer of Habakkuk

  • In what ways COVID-19 has impacted the local economy and even spiritual life negatively?
  • What do we learn from Habakkuk in such challenging times and how do we apply these lessons to our individual and collective lives?
  • Joy must characterize the life of a follower of the Lord Jesus Christ. If there is no joy in your daily life, please watch as there is certainly a spiritual leak. Ask yourself these diagnostic questions: Am I complaining often? Do I have the tendency to blame others for almost everything? Do I talk to myself negatively? Do I dwell in my past successes or failures? Do I resist to change? Do I want to please everybody (which by way is am impossible task)? Do I doubt God’s wonderful plan for my life? Do I neglect my Bible study, church attendance, and prayer life? I am hiding to commit sin or life my life like an ungodly person without a respectful fear of God? Am I jealous? Am I envious? Am I afraid of what will happen to me given my current life circumstances? Bring these issues to the Lord in prayer and your will enjoy His peace and joy.
  • Prof. Moussa Bongoyok

A case for transformational governance

This is a paper on “A Case for Transformational Governance” that Moussa Bongoyok presented at the first Promise Governance Institute International Conference on June 14, 2018 in Ontario California (USA).

Gorée ou le miroir de la liberté

A-t-on le droit de chanter

quand l’intelligence humaine est esclave de la méchanceté ?

A-t-on le droit de danser

quand le pied du prochain cherche en vain un appui ?

A-t-on le droit de jubiler

quand les chaînes de l’esclavage avalent du sang frais ?

A-t-on le droit de rire

quand la mort est célébrée comme un précieux ami ?

A-t-on le droit de festoyer

quand Gorée se tortille au sommet des langues de feu ?

Ne me parle pas, dragon de l’Ouest,

car mes oreilles sont en divagation au marché de j’aurais été.

Ne me console pas, serpent de l’Est,

car mon cœur est parti à la rivière de si j’avais su.

Ne me fais pas visualiser ton film, foudre du Nord,

car mes yeux sont enfouis dans le champ de j’aurais voulu.

Ne me chatouille pas, diamant du sud,

car mon rire s’est évanoui sur la montagne de si j’avais pu.

Gorée, ô Gorée ! que puis-je dire?

Aucune parole n’est assez forte

pour traduire les sentiments d’un cœur devenu caillou

dans le désert de l’absurdité de la condition humaine.

Mais crois-moi, Gorée,

Un jour les chaînes danseront de joie sur les ailes des étoiles.

Un jour Dieu jettera son regard favorable

et ressuscitera les ossements desséchés des cris silencieux.

Prof. Moussa BONGOYOK

Composé à Mbour au Sénégal le 16/10/2009, après avoir visité l’île de Gorée la veille, et en route vers le village de mon très regretté ami Adama Diouf.

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2009.

HELE Solange: Call for unity, love, and the preservation of cultural values – Appel à l’unité, à l’amour et à la conservation des valeurs culturelles

Chant composé et exécuté par HELE Solange à l’attention du peuple Mafa. 
Song composed and performed by HELE Solange for the attention of the Mafa people.

A TIME TO RETHINK EDUCATION IN AFRICA WITH PROFESSOR PLO LUMUMBA

Eternel des Armées à toi toute la gloire!

WHO WILL LIVE FOR THOSE WHO NO LONGER HAVE HEADS? A shout in the desert of International Community

You didn’t hear… or did you hide willingly under the bed of abstraction?

Maybe you did hear about Boko Haram and other terrorist movements in action…

But, you see, your geography professor told you as did your musician,

With all the calm and seriousness of an academician,

That Kousseri, Maroua, Mora, Tourou, Moskota, Koza, Ouzal, Mozogo,

And other localities or infrahuman countries must go,

Because their humanity index is so low, and,

They are located on an unknown planet, the land of tomorrow.

Why worry about the future

While one calmly drinks today’s culture?

 

Maybe you didn’t see what is happening on social media as your soul became a taro…

Because, above all, you must set your economic priorities right to beat the antihero

And accumulate as much power and things as you can carry in your empty barrow.

Your business professor told you so, with his academic sombrero.

Your financial advisor is such a genius so different from the harrow

That you gather things, things and more things, and the great dinero.

You eat power, power and more power over bones without a marrow.

Aren’t they mere keys to your success today and tomorrow?

Your eyes can’t see while you dream to be the next pharaoh

And, after all, your neighbor is just a dried arrow!

 

Who will cry for those who no longer have heads?

Who will become a shelter for those who no longer have beds?

Who will eat for those who can no longer smell the odor of fresh breads?

Who will bring joyous colors to lives painted in multiple reds?

Who will tell Europe, America, Asia and others, that Boko Haram spreads

Faster and deeper than the swiftest fighters and meds?

Who will act? Who will dig? Who will lovingly address the roots

Instead of relying solely on boots?

 

Oh! I wish you and I were the recovered triumphant shouts of the voiceless!

Oh! I wish you and I were the beautiful tears of the tearless!

Oh! I wish you and I were the real wealth of the resourceless!

Oh! I wish you and I were the reconstructed ramparts of the powerless!

Oh! I wish you and I were the regained smiles of the hopeless!

Oh! I wish you and I were the lost but found face of the faceless!

Oh! I wish you and I were the living image of the divine rock for the baseless!

Oh! I wish you and I were the real value of lives so priceless!

Regardless of our religious backgrounds, we are all humans;

Would you and I actively navigate against the currents and stop treating others as subhumans?

 

Moussa Bongoyok, PhD

Professor of Intercultural Studies and Holistic Development

President of Institut Universitaire de Développement International (IUDI)

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