A-t-on le droit de chanter
quand l’intelligence humaine est esclave de la méchanceté ?
A-t-on le droit de danser
quand le pied du prochain cherche en vain un appui ?
A-t-on le droit de jubiler
quand les chaînes de l’esclavage avalent du sang frais ?
A-t-on le droit de rire
quand la mort est célébrée comme un précieux ami ?
A-t-on le droit de festoyer
quand Gorée se tortille au sommet des langues de feu ?
Ne me parle pas, dragon de l’Ouest,
car mes oreilles sont en divagation au marché de j’aurais été.
Ne me console pas, serpent de l’Est,
car mon cœur est parti à la rivière de si j’avais su.
Ne me fais pas visualiser ton film, foudre du Nord,
car mes yeux sont enfouis dans le champ de j’aurais voulu.
Ne me chatouille pas, diamant du sud,
car mon rire s’est évanoui sur la montagne de si j’avais pu.
Gorée, ô Gorée ! que puis-je dire?
Aucune parole n’est assez forte
pour traduire les sentiments d’un cœur devenu caillou
dans le désert de l’absurdité de la condition humaine.
Mais crois-moi, Gorée,
Un jour les chaînes danseront de joie sur les ailes des étoiles.
Un jour Dieu jettera son regard favorable
et ressuscitera les ossements desséchés des cris silencieux.
Prof. Moussa BONGOYOK
Composé à Mbour au Sénégal le 16/10/2009, après avoir visité l’île de Gorée la veille, et en route vers le village de mon très regretté ami Adama Diouf.
© Copyright by Moussa Bongoyok, 2009.