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17 Août
SECRETS DE LA FAMILLE
« Wurr nikk kud mulamna. » (proverbe massa)
« La sueur coule sur toi [personnellement]. » (proverbe massa)
« Sweat pours on you [personally]. » (Massa proverb)
Moralité: On doit résoudre les problèmes familiaux en famille.
[Ce proverbe que nous commentons avec plaisir a été recueilli par le Dr. Emmanuel BECHE, Doyen de la formation en ligne et Secrétaire général de l’Institut Universitaire de Développement Universitaire (IUDI) Website : http://www.iudi.org]
Commentaire à la lumière de la Bible
Les Massa, en fins observateurs, savent que tous n’abordent pas les problèmes familiaux avec doigté. Si certains savent faire usage de la sagesse et de la discrétion nécessaire pour le traitement des difficultés qui surgissent dans le cadre familial, d’autres enveniment plutôt la situation en étalant sur la place publique des sujets que la pudeur la plus rudimentaire envelopperait de réserve. Or, pour les Massa, les maux qui minent une famille sont comparables à la sueur qui coule sur soi. Il ne sied pas à une personne sage de les exposer en dehors du cadre familial. En d’autres termes, « le linge sale se lave en famille ».
A examiner de près cette philosophie de la vie, on sera frappé par la logique qui la guide car attirer le discrédit ou la honte sur sa famille c’est l’attirer sur soi-même. Ridiculiser les membres de sa famille, c’est scier la branche sur laquelle on est assis. Ceci nous rappelle un autre proverbe selon lequel « la querelle entre les membres d’une même famille est comme de l’eau chaude versée sur un toit de chaume. Elle ne brûle pas la maison. ». En d’autres termes, ce serait faire preuve de folie que de mettre le feu au domicile familial où l’on se trouve soi-même. Et, pour éviter cela, les membres d’une même famille n’ont pas d’autre option en dehors de la réconciliation. Faut-il alors sombrer dans un silence complice quand les membres de la famille se conduisent mal ? Faut-il se cacher derrière ce proverbe pour faire souffrir sa famille ? Ce n’est pas non plus ce que le proverbe massa recommande. Il trace plutôt la voie d’une résolution de tout problème le plus discrètement que possible, dans le cercle fermé de la famille. Autant que faire se peut, et ceci quelle que soit la nature du préjudice subi, les membres de la famille doivent contrôler leurs émotions et se retrouver humblement autour d’une même table en vue d’une résolution du problème dans l’amour, la vérité, et la justice. C’est seulement quand tous les efforts déployés au sein de la famille nucléaire [ou élargie si cela s’avère nécessaire] ne produisent pas les résultats escomptés que la famille est appelée à chercher du secours auprès des personnes compétentes mais toujours dans le souci de préserver l’harmonie en son sein.
En ceci, les Massa nous plongent au cœur même de la stratégie de réconciliation et de pardon que trace le Seigneur Jésus-Christ dans Matthieu 18 :15-22. Selon le Seigneur, si ton frère ou ta sœur a péché contre toi, tu dois premièrement aller vers lui ou vers elle. Il n’est pas question d’en parler à d’autres personnes. C’est quand ce frère ou cette sœur refuse d’écouter que d’autres personnes peuvent intervenir encore faudrait-il savoir les choisir dans l’esprit de l’enseignement du Christ.
Si nous entrions dans cette logique au niveau de nos familles spirituelles et biologiques, beaucoup de problèmes entres frères et sœurs, entre parents et enfants ou entre maris et femmes trouveraient plus facilement des solutions tout en occasionnant moins de blessures morales. Les conflits seraient plus faciles à résoudre. La société serait plus stable. La paix règnerait davantage dans nos pays. Daigne le Seigneur nous accorder la sagesse nécessaire pour, autant que faire se peut, résoudre les problèmes familiaux en famille. Cela honore famille, nous honore nous-même, et glorifie le Seigneur.
Moussa Bongoyok
© Copyright by Moussa Bongoyok, 2015.
14 Déc
Poème en hommage au Professeur Isaac ZOKOUE
Faut-il que ta plume se casse
Au moment où les sectes passent
Et les faux docteurs terrassent
Des âmes faibles et lasses
Dans un contexte tenace
Où des dangers menacent
Tant le fond que la surface ?
Faut-il que ta voix se taise
Au moment où la RCA est dans la braise ;
Toi qui fis de la paix ta principale thèse
Et œuvras pour que ton pays soit à l’aise
En dépit de la danse des punaises
Qui des centrafricains aggravent le malaise
Alors qu’ils languissent après un dièse?
Faut-il que ta présence
Nous prive de sa plaisance
Au moment où la nuisance
Avec la force de sa brisance
Vole à l’Eglise sa luisance
Et étale ses insuffisances
Sur le marché de la complaisance ?
Tu étais pour nous un père ;
Garant d’une théologie prospère
Dans un monde plein de vipères,
De loups religieux et de leurs compères.
Ils détournent les saints du bon repère
Et dévorent les conseillères et les conseillers
qui couronnent les collines de prières.
Tu étais pour nous un appui.
Tu étais pour nous un puits,
Une source d’eau sous le soleil qui cuit,
Une source de courage dans la nuit,
Une tranche du futur dans l’aujourd’hui,
Un abri amical sous la pluie,
Un modèle, une fierté, un parapluie.
Ton départ, ô Professeur Zokoué,
Nous prive d’un théologien surdoué !
Le monde évangélique est secoué.
Avec quelle main allons-nous jouer
Quand le rythme nous a déjoué ?
C’est avec un concert de voix enrouées
Que nous pleurons de l’Algérie au Zimbabwe.
Eternel, Toi qui nous as donné notre aîné
Et l’a repris dans la céleste trainée,
Donne à nos âmes gangrenées
La force d’être entraînées
Dans une louange que ne peuvent freiner
Ni la douleur, ni le cœur peiné ;
Car notre espérance est toujours oxygénée.
Moussa Bongoyok
Suite au décès de l’un de ses meilleurs encadreurs spirituels, le Professeur Isaac ZOKOUE (17 Septembre 1944 – 12 Septembre 2014).
Le Professeur ZOKOUE a été promu en gloire le Vendredi 12 Septembre (précisément dans la nuit du 11 au 12 Septembre) 2014 à Bangui (RCA). Il est mort des suites d’une longue maladie. Prions pour sa femme Odette et leurs enfants.
© Copyright, 2014 by Moussa Bongoyok.
9 Fév
LA BONTE BRISE LES CHAINES DE LA MECHANCETE
“Ba kar ki loué nvou be bele nding.” (proverbe ewondo)
“On n’appelle pas le chien avec le fouet.” (proverb ewondo)
“One does not call a dog with a whip.” (Ewondo proverb)
Signification: On ne peut pas prétendre vouloir rassembler et réconcilier quand on fait preuve de méchanceté.
(Proverbe recueilli par le Dr BECHE Emmanuel pour le compte de l’Institut Universitaire de Développement International/ Université Francophone de Développement International)
Parallélisme biblique
Décidemment, la forêt dense du pays ewondo recouvre un immense réservoir de sagesse. Les contes et les proverbes qui proviennent de cette région du Cameroun en sont des preuves éclatantes. Le proverbe qui nous intéresse présentement est particulièrement brillant : « On n’appelle pas le chien avec le fouet. »
L’image du chien utilisée ici est très révélatrice car cet animal occupe une place de choix parmi les animaux domestiques. On dirait même qu’il en est le roi. La preuve en est que le chien porte un nom et pas n’importe lequel. Certains chiens portent carrément les noms ou les titres des êtres humains, ce qui traduit leur importance aux yeux de leurs maîtres. Les chiens accompagnent les êtres humains dans nombre de leurs activités. Ils jouent plusieurs rôles fort utiles. Ils gardent la maison, participent à la chasse, assurent dans une certaine mesure la sécurité des biens et des personnes, assistent les bergers, pour ne citer que cela. Certains chiens bien dressés servent fidèlement au niveau de la police, de la douane, de l’armée et même des centres de santé. Il n’est donc pas étonnant que le chien ait conquis le cœur de nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes.
Mais, le chien peut aussi être méchant, voire cruel. Seulement, quel que soit la méchanceté du chien, à moins qu’il ne soit enragé ou engagé dans une lutte féroce avec un autre chien au moment ou quelqu’un d’autre essaie de s’interposer, il attaque rarement son maître. Qu’est-ce qui explique une telle loyauté ? Je suppose que l’attention et les nombreux gestes de bonté dont il bénéficie y sont pour quelque chose. C’est là où cet adage devient plus intéressant et livre sa quintessence: la bonté brise l’élan de la méchanceté.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nos pensées s’envolent vers la République Centrafricaine et de nombreux autres pays à travers le monde qui traversent des situations on ne peut plus difficiles du fait que certains individus soient devenus une meute de chiens méchants prêts à dévorer des innocents. En dehors de la prière et des interventions des pays amis, que pouvons-nous faire pour arrêter le mal et prévenir les risques d’aggravation si rien n’est fait dans l’immédiat pour briser les liens de la méchanceté ? Il n’y a pas de formule magique. Cependant, si chacun cessait de lever un doigt accusateur vers les autres pour rentrer en soi-même, reconnaître ses propres défaillances (en son âme et conscience), et laisser Dieu brûler les racines de la méchanceté par le doux feu de son amour, la paix reviendrait. Nous assisterions donc à ce que le psaume 85 :10 décrit en de termes fort évocateurs : « Oui, son salut est près de ceux qui le craignent, Afin que la gloire habite dans notre pays. La bonté et la fidélité se rencontrent, La justice et la paix s’embrassent; La fidélité germe de la terre, Et la justice regarde du haut des cieux. L’Éternel aussi accordera le bonheur, Et notre terre donnera ses fruits. La justice marchera devant lui, Et imprimera ses pas sur le chemin (Version Louis Segond). »
Dieu est riche en bonté (cf. Exode 34 :6-7 ; Esaïe 54 :10 ; Lamentations 3 :22, Michée 7 :18). Ceux qui le craignent et qui veulent vraiment l’honorer doivent aussi faire preuve de bonté. C’est d’ailleurs sa volonté à l’égard de ses créatures et surtout des croyants (Michée 6 :8 ; 1 Corinthiens 13 :4 ; Galates 5 :22, Colossiens 3 :12). Le Dieu qui aida Joseph à être bon envers ses frères qui l’ont pourtant vendu et qui donna à David la force morale de faire preuve de bonté envers le roi Saül (et sa famille) même quand celui-ci a tenté plusieurs fois de l’éliminer physiquement est « le même hier aujourd’hui et éternellement (Hébreux 13 :8).» Puisons en lui la force nécessaire pour manifester la bonté qui brise les chaînes de la méchanceté, car, ne l’oublions jamais, « on n’appelle pas un chien avec le fouet ».
Copyright © by Moussa Bongoyok, 2014.