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LE TEMPS PASSE, ON PASSE AVEC LUI

“Nga a gaba.” (N’gèlègèdma mafahai)

 « Nous sommes sous l’arbre à palabres » (proverbe mafa 

“We are under the palaver tree.” (Mafa proverb)

Signification: Nous ne sommes que de passage sur la terre.

 Parallélisme biblique

L’arbre à palabres est célèbre dans de nombreuses cultures sahéliennes. C’est un arbre sous lequel les notables de village se réunissent pour échanger des idées, discuter, juger, ou se pencher sur divers problèmes de la vie en société. C’est aussi un lieu de rassemblement. Chaque village mafa a son arbre à palabres sous lequel se trouve souvent grand un roc sur lequel les gens peuvent s’asseoir sans se salir.

 L’arbre à palabres est plein de symboles dans la société mafa. Tout y passe : les nouvelles, les plaintes, les joies, les peines, les conflits, la réconciliation, les médisances, le rétablissement de la vérité, la politique,  l’éducation, les stratégies, les contes, les proverbes, la religion, la philosophie, l’économie, le mysticisme, les rêves, l’organisation des travaux champêtres,  les projets, bref tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la vie du village. Mais, au-delà de tous ces symboles,  l’arbre à palabres représente la précarité de la vie sur la terre. En effet, l’arbre à palabres ne rassemble les gens que pour un temps bien limité. Après les réunions, chacun rentre chez soi pour un sommeil bien mérité en vue de mieux affronter les durs labeurs du lendemain si Dieu permet qu’on y arrive. Nombreux sont ceux qui sont partis d’un petit sommeil à un sommeil et chacun attend son tour. Face à cette réalité existentielle, les Mafa affirment, sur une note philosophique assez profonde que nous (les êtres humains) sommes sous l’arbre à palabres. Nous ne sommes que des étrangers sur cette terre. La mort nous attend à tout moment. Il est alors aisé de comprendre pourquoi c’est l’un des premiers proverbes que les Mafa citent pour évoquer un décès dans la communauté.

 En cette fin d’année où nous sommes souvent surpris par la rapidité avec laquelle les mois se sont écoulés il nous arrive parfois de dire tout haut : « comme le temps passe si vite ! » Mais, n’oublions pas  que ce n’est pas seulement le temps qui passe. Nous passons aussi avec lui. L’écrivain français Paul-Jean Toulet (1867-1920) exprime cela en des termes qui n’ont pas perdu leur éloquence après près d’un siècle : « Le temps passe. Ah, si on pouvait le regarder passer. Mais hélas, on passe avec lui. ». Au-delà du temps qui passe, c’est donc nous qui passons.

 C’est justement ce que nous rappelle de nombreux textes bibliques. Retenons-en un, l’un des plus vieux psaumes de la Bible, attribué à Moise l’homme de Dieu :

  1 Prière de Moïse, l’homme de Dieu.
      O Seigneur, d’âge en âge
      tu as été notre refuge.

    2 Avant que soient nées les montagnes,
      et que tu aies créé la terre et l’univers,
      de toute éternité et pour l’éternité, toi, tu es Dieu.

   
    3 Tu fais retourner l’homme à la poussière,
      et tu dis aux humains: «Retournez-y!»

     4 Car mille ans, à tes yeux,
      sont comme le jour d’hier qui est déjà passé,
      comme une seule veille au milieu de la nuit.

        5 Tu balaies les humains comme un peu de sommeil qui s’efface à l’aurore.
      Ils sont pareils à l’herbe

    6 qui fleurit le matin, qui passe
      et qui, le soir, se fane et se flétrit.

    7 Nous sommes consumés par ta colère,
      ta fureur nous effraie:

    8 tu as mis devant toi tous nos péchés,
      et tu mets en lumière tout ce qui est caché.

    9 Tous nos jours disparaissent par ta colère,
      et nos années s’effacent comme un murmure…

      10 Le temps de notre vie? C’est soixante-dix ans,
      au mieux: quatre-vingts ans pour les plus vigoureux;
      et leur agitation n’est que peine et misère.
      Car le temps passe vite et nous nous envolons.

     11 Qui peut connaître l’intensité de ta colère,
      qui te respecte assez pour tenir compte de ton courroux?

        12 Apprends-nous donc à bien compter nos jours,
      afin que notre cœur acquière la sagesse!

(Psaume 90 :1-12, La Bible du Semeur)

Daigne le Seigneur nous accorder la sagesse de bien compter nos jours de nous rappeler chaque jour que nous ne sommes que sous l’arbre à palabres de la condition humaine. Daigne le Dieu unique, saint, et juste nous aider à comprendre que nous pouvons quitter cette terre à tout moment et que nous avons intérêt à la quitter quand nous sommes en bons termes avec lui. En cette fin d’année, examinons-nous. Faisons la paix avec Dieu et avec nos prochains. Et surtout, engageons-nous à vivre chaque jour de telle sorte que, même si c’était la fin de notre pèlerinage terrestre, nous partions avec la ferme assurance que notre vie et dans les tendres bras du Bon Berger avec qui nous passerons l’éternité dans un bonheur parfait. C’est aujourd’hui qu’il faut se repentir et confier la direction totale de sa vie au Seigneur Jésus-Christ. C’est aujourd’hui qu’il faut demander pardon à ceux qui ont été offensés.  C’est aujourd’hui qu’il faut honorer Dieu. C’est aujourd’hui qu’il faut aimer le prochain comme soi-même. C’est aujourd’hui qu’il faut pratiquer des œuvres dignes de la repentance. Demain peut être trop tard car nous ne savons pas si nous le verrons et il serait irresponsable de prendre un si grand risque avec son avenir éternel. Or, la Bible déclare que «le sort de tout homme est de mourir une seule fois – après quoi il est jugé par Dieu. » (Hébreux 9 :27, La Bible du semeur). Soyons donc sages et sachons nous rendre à l’évidence que ce n’est pas seulement le temps qui passe mais que c’est aussi nous qui passons car la vie sur terre n’est qu’une éphémère réunion sous un arbre à palabres. « Nga a gaba ! »   

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2010.

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