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NATURE HUMAINE, MENACES, ET SAGESSE

“Kokoya a ya kra na a ndena a kda azbai.” (n’gèlègèdma mafahai)

“Le bébé léopard ne devient pas un chien.” (proverbe mafa)

« A baby panther does not become a dog. » (Mafa proverb)

Source: Nous remercions Monsieur Azakaha Zacharie qui a bien voulu nous envoyer ce proverbe que nous avons commenté avec plaisir.

Moralité: Il faut savoir tirer les conséquences logiques des observations pertinentes. Telle mère, telle fille. Tel père, tel fils.

 

Commentaire à la lumière de la Bible

 

Les Mafa vivent principalement dans des zones montagneuses où, autrefois, la vie quotidienne était hantée par un fauve redoutable : le léopard (appelé aussi panthère). Il s’attaquait principalement au petit bétail occasionnant ainsi des pertes énormes dans un système économique on ne peut plus fragile. Pire, il n’épargnait pas les êtres humains. Il arrachait brutalement des bébés pendant que leurs parents cultivaient au champ. Même les adultes n’échappaient pas à ses attaques au point où le léopard est devenu l’animal le plus redouté en pays mafa et était classé au même niveau que la variole. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, pour prouver leur bonne foi à leurs prochains, les mafa juraient  « kokoya a gidber » (le léopard et la variole), sous-entendu « si je mens que le léopard me dévore et que la variole me tue ».

Perçu sous cet angle, il est aisé de comprendre le contraste entre le léopard et le chien. En clair, la nature du léopard est bien distincte de celle d’un chien, ce dernier étant un animal domestique qui rend généralement de multiples services à l’être humain. A travers ce proverbe le Mafa va au-delà du « tel père, tel fils » français et appelle à la prudence dans la mesure où, aussi inoffensif que le bébé panthère peut paraître, il finit – en grandissant – par agir conformément à sa nature destructrice. Ce proverbe invite aussi les jeunes à bien observer les parents de leurs futurs conjoints ou conjointes avant de se lancer dans les liens de mariage car les enfants reflètent souvent les traits de caractère de leurs parents. Bien entendu, des exceptions existent. Il est possible qu’un garçon ou qu’une fille, du fait d’une vraie conversion, mène une vie excellente qui reflète sa nouvelle nature spirituelle et tranche nettement avec celle de ses parents. Enfin, ce proverbe invite indirectement les enfants à rester fidèles aux bonnes valeurs transmises par les parents car si le bébé panthère ne devient pas un chien, ce n’est pas au bébé d’un chien ou d’une vache de devenir une panthère.

Puisque notre proverbe porte sur le léopard, force est de relever que la Bible parle aussi de cet animal, voire du fait qu’il ne peut pas changer de nature. En effet, il est écrit dans Jérémie 3 :23 : « Un Ethiopien peut-il changer la couleur de sa peau, un léopard les taches de son pelage? De même, comment pourriez-vous vous mettre à bien agir, vous qui avez pris l’habitude de commettre le mal?” Ici, le prophète Jérémie parle dans un contexte de jugement contre les habitants de Juda à cause de la multitude de leurs péchés. Ils se sont tellement enfoncés dans le mal que leur condition est comparable aux taches du pelage du léopard. En d’autres termes, leur mauvaise habitude est devenue une seconde nature. Seul un miracle opéré par le Seigneur lui-même, peut transformer leurs cœurs et les ramener sur le droit chemin.

Voilà qui devrait attirer notre attention à l’heure où des groupes terroristes tels que Boko Haram et l’Etat Islamique sèment la terreur dans de nombreuses régions et pays du monde. Nous devons agir vite de peur que le mal ne s’enracine avec des effets très dévastateurs qui ne tarderont pas à éclabousser les pays qui ne se sentent pas concernés pour l’instant. Nous devons agir vite de peur que nos enfants ne soient endoctrinés au point de se retourner contre nous, scellant de ce fait une mutation effroyable. Oui, nous devons agir vite mais sagement car il est facile de gaspiller de l’énergie inutilement en luttant contre les symptômes d’un phénomène si l’on ne prend pas la peine d’en examiner les causes profondes tout en évitant de se faire piéger par de faux alliés susceptibles de brouiller les vraies pistes. Les mesures d’urgence sont normales mais il convient de se mettre résolument au travail pour attaquer le mal à la racine avec méthode, courage, prudence, discernement sans négliger la prière car – au-delà de nos efforts – Dieu seul peut changer la nature humaine et nous accorder la sagesse nécessaire pour trouver des solutions efficaces.

 

 

Moussa Bongoyok

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2015

QUI LES ECOUTERA?

« Nchἐbἐmmu apu riŋi ndak. » (Proverbe kenyaŋ, Sud Ouest du Cameroun)

« Le pauvre ne connait rien. » (Proverbe kenyaŋ, Sud Ouest du Cameroun)

« A poor person does not know anything. » (Kenyaŋ Proverb, South West of Cameroon)

Signification : Généralement, on ne prête pas attention aux pauvres.  Mais, une personne sage sait  écouter les personnes modestes car elles ont aussi des choses intéressantes à communiquer.

Parallélisme biblique

Les Kenyaŋ sont partis d’une simple observation  de la société. Les gens se comportent souvent comme si la richesse matérielle  était synonyme de connaissance et de sagesse. La preuve en est que l’avis des riches est plus facilement pris en considération tandis que celui des pauvres ne reçoit pas le même accueil. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe sur la scène internationale (ONU, G-20, etc.) pour se rendre à l’évidence que seuls quelques pays riches semblent faire la pluie et le beau temps dans notre monde qui a pourtant besoin de l’apport de chacun. Les Kenyaŋ veulent nous épargner les conséquences amères de la négligence des points de vue des personnes moins nanties.

La Bible renferme de nombreux exemples de personnes de condition modeste qui ont été utilisées par Dieu pour changer le cours des événements et sauver des sociétés entières du désastre. On pourrait citer l’exemple de Joseph, vendu par ses propres frères, étranger et prisonnier. C’est pourtant lui que Dieu a bien voulu utiliser pour non seulement interpréter le rêve du pharaon, mais aussi et surtout lui donner un conseil qui a épargné à l’Egypte et aux nations environnantes une catastrophe lourde de conséquences (Voir Genèse chapitres 40 à 47).

Dans 2 Rois 5 nous trouvons deux autres exemples de personnes qui ne pèsent pas dans la balance socio-économique mais qui ont joué des rôles déterminants dans la guérison de Naaman le Syrien. Il s’agit d’abord de la petite servante Israélite qui a indiqué une source sûre de guérison à Naaman le lépreux.  Quoique que Général en chef et bougrement riche (il n’y a qu’à voir les cadeaux qu’il voulait offrir au prophète), il ne savait pas que Dieu avait donné au prophète Elisée la capacité de guérir même les maladies qui étaient considérées comme incurables à l’époque. C’est une petite prisonnière de guerre qui détenait cette précieuse information. Ensuite, c’est d’une autre personne de condition modeste que va venir un conseil salutaire quand, offensé par la recommandation apparemment ridicule du prophète Elisée, Naaman s ’apprêtait à retourner dans sa Syrie natale sans la guérison tant attendue.  C’est alors qu’un de ses serviteurs lui dit: “Maître, si ce prophète t’avait ordonné quelque chose de difficile, ne le ferais-tu pas? A plus forte raison devrais-tu faire ce qu’il t’a dit, s’il ne te demande que de te laver dans l’eau, pour être purifié.” (2 Rois 5:13.La Bible du Semeur). Le Général Naaman a heureusement été suffisamment sage pour écouter un conseil provenant d’un humble serviteur et il a été guéri de sa lèpre. S’il s’accrochait à ses grades, à sa position sociale et à son orgueil, il serait reparti comme il était venu.

Au plan spirituel, le Nouveau Testament attire l’attention des fidèles sur le fait que Dieu a choisi des faibles pour couvrir de honte ceux qui s’estiment forts. En effet, il est écrit: “Considérez donc votre situation, frères: qui êtes-vous, vous que Dieu a appelés à lui? On ne trouve parmi vous que peu de sages selon les critères humains, peu de personnalités influentes, peu de membres de la haute société! Non! Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les «sages», et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants. Dieu a porté son choix sur ce qui n’a aucune noblesse et que le monde méprise, sur ce qui est considéré comme insignifiant, pour réduire à néant ce que le monde estime important. Ainsi, aucune créature ne pourra se vanter devant Dieu. Par lui, vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu: en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché. Et il en est ainsi pour que soit respecté ce commandement de l’Ecriture: Si quelqu’un veut éprouver de la fierté, qu’il place sa fierté dans le Seigneur.”(1 Corinthiens 1:26-29, La Bible du Semeur). Christ lui-même, était venu dans ce monde dans une apparence modeste, « il n’avait ni beauté, ni éclat » (Lire Esaïe 53). Pendant son ministère terrestre, le Roi de l’univers a choisi de naître dans une étable, de vivre loin du luxe au point de dire de lui-même :  « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête.” (Matthieu 8:20, La Bible du Semeur). C’est pourtant à travers sa vie, sa mort et sa résurrection que nous avons la vie et la richesse incomparable de la vie éternelle dans un bonheur parfait.  Aujourd’hui, de millions de personnes de condition modeste prêchent la Bonne Nouvelle du salut  gratuit en Jésus-Christ, mort et ressuscité. Mais, peu nombreux sont ceux qui les écoutent. Pourtant, aucun message n’est aussi précieux ici-bas d’une part ; et d’autre part, l’acceptation ou le rejet de ce message a des conséquences éternelles.

Ne commettons pas l’erreur de boucher nos oreilles face aux remarques et conseils des personnes de condition modeste. Une personne pauvre n’est pas forcément ignorante. On peut être pauvre et malheureux et bénéficier de l’estime du Seigneur (Lire Psaume 40 :18). On peut être pauvre, faible, jeune, prisonnier(e), marginalisé(e), physiquement faible,  et capable de contribuer efficacement à la résolution d’un problème complexe. Heureux sont ceux et celles qui ne jugent pas les autres sur la base  de leurs richesses, de leurs positions sociales  ou de leurs apparences physiques mais qui savent écouter tout le monde, examiner ce qui est dit, et retenir ce qui est bon !

© Copyright ,Moussa Bongoyok, 2010.

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