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Quand la maison commune brûle, les intérêts généraux doivent primer les intérêts individuels

« Á nda gaɗə vogú ń ndáw giy á ɗé ? á kəda gaɗa. » (N’gèlègədma Mafahay)

 

« Et on dit que la maison a brûlé ? Dit le chien. » (Proverbe Mafa)

 

« And we say that the house burned? Said the dog.» (Mafa Proverb)

 

Moralité : Un être humain qui se respecte place l’intérêt collectif avant l’intérêt individuel, garde l’espoir même en cas de lourdes pertes, et ne se comporte pas comme un animal.

 

Proverbe envoyé par Goulimé Michel

Département des Sciences Biologiques
Université de Ngaoundéré – Cameroun
Professeur des Lycées
Sciences de la Vie et de la Terre, de l’Éducation à l’Environnement, d’Hygiène et de la Biotechnologie (SVTEEHB)

 Invitation : Nous invitons les internautes de tous les pays du monde à nous envoyer les proverbes dans leurs langues maternelles en précisant leur traduction en français ou en anglais et leur signification. Nous nous efforcerons de les commenter à la lumière de la Bible.

Commentaire à la lumière de la Bible

Le monde entier est secoué par des tensions et des crises diverses même si certaines nations en ressentent les soubresauts plus que d’autres.  Or, dans un contexte agité, les populations ne réagissent pas de la même manière. Tandis que certains se battent pour éteindre l’incendie qui menace de décimer la barque commune, d’autres cherchent plutôt à noyer leurs semblables en vue d’en tirer des profits égoïstes. Dans ce dernier cas de figure, l’intérêt individuel annihile tout capital d’altruisme ou de patriotisme au point où l’intérêt supérieur de la nation s’évanouit comme par enchantement.

 

C’est justement ce phénomène qui intéresse le proverbe Mafa mentionné ci-dessus. Michel GOULIME, qui a bien voulu le soumettre à notre analyse, a aussi eu la gentillesse de le situer dans son contexte culturel en ces termes : « Ce proverbe est tiré d’un récit imaginaire Mafa. On raconte qu’un chien en promenade avait appris que la maison de son maître était en feu. Consterné, il prit ses pattes au cou pour l’aider. Arrivé dans la cour de la maison, le chien, sans effort aucun, aperçut immédiatement son plat bien à l’écart et à l’abri de l’incendie qui ravageait la maison de son maître. Quand il vit son plat, il s’exclama : et on dit que la maison brûle, alors que mon plat n’a pas été touché ! Pour ce chien, la vie se résume à l’existence de son plat; tant que son plat existe, il ne manquera pas de quoi manger. »

 

A première vue, l’herméneutique de ce proverbe est aisée. Cependant il faut se garder d’une approche simpliste car, en réalité, ceci est une parole de sagesse à triple référence. S’il est tout à fait logique d’y voir une condamnation de l’égocentrisme à peine voilée sous le manteau de l’ironie, ce qui en constitue de fait la première facette, il faudrait encore se replonger dans l’imaginaire mafa pour déceler la seconde facette de l’adage tant elle semble défier les contours contextuels susmentionnés. En effet, la seconde facette se trouve dans la consolation résultant d’un constat important que fait le chien : il réalise que son plat est à l’abri de l’incendie. Tout n’est donc pas perdu. Il y a de l’espoir. Mais attention, il ne faudrait pas s’arrêter là car ce proverbe insolite oppose un être humain (le maître) à un animal (le chien). Du coup, une étincelle en illumine subtilement une troisième facette dont la nature est philosophique : l’être humain qui ne voit que ses gains personnels dans un contexte où la communauté est en danger n’est pas différent d’un animal. En somme, trois leçons se dégagent de ce proverbe :

  • L’intérêt de la communauté doit l’emporter sur l’intérêt individuel.

  • En cas de perte lourde, il faut garder l’espoir en s’appuyant sur ce qui a été préservé.

  • Un être humain digne de ce nom doit se démarquer de l’animal dont le comportement est purement instinctif.

Ces trois leçons s’inscrivent dans la droite ligne des recommandations bibliques. Penchons-nous d’abord sur la première. La Bible encourage justement la considération des intérêts des autres. Aussi est-il écrit dans Philippiens 2:3-4 (Version Louis Segond): « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.” Ceci rejoint, entre autres, le texte de 1 Corinthiens 10:24 (Version Louis Segond) où il est écrit: « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui.”

 

La seconde leçon nous rappelle un épisode de la vie de David décrite dans 1 Samuel 30 où il semblait avoir tout perdu. La ville de Tsiqlag où il avait trouvé refuge avec ses amis et les membres de leurs familles respectives était complètement brûlée en leur absence. Au départ, ils étaient convaincus d’avoir tout perdu : leurs biens, et surtout leurs épouses et enfants bien-aimés. La détresse était à son summum, à telle enseigne que les amis intimes de David menaçaient de le tuer. C’est dans ce contexte où la crise était à son paroxysme que David a eu la sagesse de réaliser une vérité spirituelle profonde : Dieu est un rempart contre le désespoir. C’est alors qu’il reprit courage en s’appuyant sur l’Éternel, se lança à la poursuite des assaillants et, le Seigneur aidant, il retrouva tout. Bien plus, Il amassa un butin considérable en guise de bonus. C’est ce genre de disposition intérieure qui permit à David de reprendre courage et de renverser une situation désespérante que la sagesse Mafa conseille face à l’adversité et aux pertes les plus colossales.

 

La troisième et dernière leçon est aussi un écho de ce que Dieu avait déjà révélé dans la Bible. Dès la création, Dieu a voulu clairement distinguer l’être humain de l’animal en le créant à son image (Genèse 1:26). Malgré la chute, il n’a pas perdu l’image de Dieu. A ce propos, le Dictionnaire Biblique Westphal fait bien de relever que

« La chute, d’ailleurs, n’effacera pas entièrement cette image de Dieu en l’homme, qui toujours sera distinct du reste des créatures, y compris les animaux. Seul en effet dans l’univers, l’homme est doué de raison et de conscience, c’est-à-dire capable de s’élever de l’intelligence des faits particuliers qu’il constate à la compréhension des lois générales du monde, et d’éprouver le désir d’un idéal moral, la souffrance de n’y pas parvenir, la repentance, la joie de devenir meilleur ; grâce à cette ressemblance divine, il pourra connaître, aimer et servir son Créateur.»

Il est donc normal que Dieu attende des hommes et des femmes qu’ils ne se comportent pas comme des bêtes privées de raison (Cf. Jude 1 :10). Par ailleurs, le Seigneur réserve un châtiment exemplaire à ceux et celles qui méprisent leur dignité si nous nous en référerons, entre autres textes bibliques, à 2 Pierre 2 :12 (Bible du Semeur) qui déclare : « Mais ces hommes-là agissent comme des animaux dépourvus de raison qui ne suivent que leurs instincts et sont tout juste bons à être capturés et tués, car ils se répandent en injures contre ce qu’ils ne connaissent pas. Aussi périront-ils comme des bêtes. »

 

Malheureusement, l’humanité semble s’enfoncer chaque jour davantage dans une animalité déconcertante au point où d’aucuns en viennent à affirmer avec le compositeur et pianiste français Erik Satie (1866-1925) : « Plus je connais les hommes, plus j’admire les chiens. » Pourtant, tel n’est pas le plan du Dieu Créateur pour la société humaine. Au contraire il a mis en nous la raison, la volonté et les atouts nécessaires pour surmonter nos penchants égocentriques en vue de bâtir des familles, des communautés, et des nations où règnent l’unité dans la diversité, la justice sociale dans la miséricorde, l’amour dans la vérité, la prospérité dans la solidarité, et le vivre ensemble dans le respect mutuel. Évidemment, pour que cet idéal se mue en une dynamique de transformation sociétale positive et concrète, chacun, à son niveau, est appelé à placer l’intérêt collectif avant l’intérêt individuel, à sauvegarder l’espoir quelle que soient la lourdeur des pertes subies et à refuser quotidiennement de se rabaisser au niveau d’une bête féroce pour son semblable.  C’est à ce prix que les concertations, les dialogues, les médiations, et diverses autres initiatives ayant pour but d’éteindre les mille et un feux existentiels qui menacent de détruire nos pays, nos régions, nos communautés, nos églises, ou nos familles, porteront des fruits doux et durables. Que Dieu nous vienne en aide !

 

Pr Moussa Bongoyok

(Copyright by Moussa Bongoyok, 2019)

LA DESINFORMATION EST UN DANGER PUBLIC

« Darbatani jinfu hinqabatani.»

« After you have thrown a spear, you cannot catch hold of its end. »

« Une fois qu’une lance est lancée,  on ne peut plus en attraper le bout.» (Proverbe oromo, Ethiopie)

 Signification : Une fois que quelque chose est fait, l’on ne peut pas le défaire même si l’on regrette de l’avoir fait.

Source : Diane Steward Wisdom from Africa : A Collection of African Proverbs. Cape Town : Struit Publishers, 2005. p. 158.  

Parallélisme biblique

Le journalisme est un métier très noble. Il rend d’énormes services à l’humanité. Les risques que prennent les journalistes à travers le monde imposent notre respect. Plusieurs d’entre eux ont été injustement menacés, terrorisés, vilipendés, humiliés, torturés, emprisonnés, kidnappés et même tués. Mais le devoir d’informer est si fort que rien ne peut les arrêter. Le reste de l’humanité devrait saluer davantage leur courage et leur apporter tout le soutien nécessaire. Toutefois, force est de relever que certains « faux » journalistes, au grand mépris de la déontologie journalistique, sombrent dans l’intoxication voire l’excitation à la violence pour des motifs inavoués. Par exemple, les anti-balaka de la République Centrafricaine sont présentés par de nombreux médias comme une milice chrétienne en dépit des protestations des leaders chrétiens de ce pays. D’ailleurs, les images de ces miliciens arborant ostensiblement un nombre impressionnant de gris-gris (ce qui traduit bien leurs convictions non-chrétiennes) et leurs agissements qui ne reflètent en rien les enseignements du Seigneur Jésus-Christ, devrait attirer l’attention des lecteurs et téléspectateurs avertis. Malheureusement, l’intoxication est telle  que la réalité est défigurée. Pire encore, cette désinformation ajoute de l’huile sur la flamme qui brûle une nation profondément meurtrie en opposant les chrétiens aux musulmans alors que les causes profondes de la crise qui déchire ce pays sont ailleurs. La communauté internationale doit  prendre très au sérieux cette situation au risque d’avoir sur sa conscience un génocide de plus dans un contexte mondial on ne peut plus fragile. La même observation est valable pour d’autres cas de désinformation à travers le monde. Il est grand temps que nous prenions en compte cette parole de sagesse oromo : « Une fois qu’une lance est lancée,  on ne peut plus en attraper le bout.» En effet, l’on peut maîtriser une lance qui est en sa possession mais une fois qu’elle est propulsée, elle échappe à tout contrôle. Une mûre réflexion s’impose donc avant de parler ou d’écrire. Dans ce sens, la sagesse oromo rejoint la sagesse biblique car il est écrit dans Proverbes 12 :18 : « Celui qui parle à la légère blesse comme une épée, tandis que la langue des sages apporte la guérison.” Proverbes 18 :21  abonde dans le même sens: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue: vous aurez à vous rassasier des fruits que votre langue aura produits.” L’épitre de Jacques s’entend longuement sur la langue et son usage (Jacques 3 :1-18). [Tous ces textes sont tirés de la Bible du Semeur]. En somme, la langue est aussi puissante qu’une épée. Elle est capable de blesser ou de guérir, de tuer ou de faire vivre. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Les paroles que nous prononçons sont parfois lourdes de conséquence, d’où l’importance de réfléchir profondément avant de dire quoi que ce soit. Heureusement, en ce qui concerne la parole ou l’écriture, il y a toujours une possibilité de limiter les dégâts en rectifiant le tir le plus tôt que possible. Nous espérons que les femmes et les hommes consciencieux de médias se mettront à pied d’œuvre pour qu’en Centrafrique et ailleurs, la vérité soit restaurée. Par-dessus tout, n’oublions jamais que tout être humain gagnerait à être un instrument de paix et de réconciliation et non de trouble et de déchirement des communautés car agir autrement c’est scier la branche sur laquelle l’on est assis.   © Copyright by Moussa Bongoyok, 2014.

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