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ECOUTER LES AUTRES

“Maya a n’za a gèd ndo staɗ genè kabai.” ( N’gèlèdma mafahai)

« La sagesse ne demeure pas dans la tête d’une seule personne. » (proverbe mafa)

“Wisdom does not dwell in the head of one person. » (Mafa Proverb)

Signification: Il faut savoir écouter les autres et demander conseil.

Parallélisme biblique

La société traditionnelle mafa est organisée d’une manière très intéressante. La structure est assez dynamique pour favoriser des  décisions communes et favoriser la solidarité. C’est ainsi que l’alternance entre la saison du dau-dau a gèɗ (littéralement « vrai mil », sorgho jaunâtre) du n’temas (mil à chandelle, millet pénicillaire, ou petit mil) est pratiquement respectée de tous. La fête des taureaux (maray) est célébrée selon des règles préétablies depuis de nombreuses  générations. Le calendrier des festivités et des grands travaux agricoles est observé même si avec l’avènement de l’islam et du christianisme il y a eu quelques petites modifications.  Quand un mafa est frappé par un malheur, toute la communauté sympathise avec la personne éprouvée. Les grands succès font aussi  l’objet d’une réjouissance populaire. Quand une maison brûle, tous apportent leur assistance pour éteindre le feu. Ceux qui ont de la peine à terminer la culture de leurs champs peuvent inviter les autres membres de la communauté à leur porter secours (wuza) sans leur proposer un salaire. Ils offrent tout simplement à manger aux personnes qui répondent à l’invitation et se rendent disponibles pour apporter aussi un coup de main aux autres en temps opportun.

La particularité de la société traditionnelle mafa est que, dans ce contexte où la solidarité est indéniable, chacun conserve une large marge de liberté, d’indépendance. En cela, Jean-Yves Martin a vu juste quand il a écrit : « Le système social combine à la fois rigidité et souplesse. » Les Matakam du Cameroun (Paris : ORSTOM, 1970) p. 196. Cette souplesse permet au Mafa d’organiser sa vie sans grande pression au niveau familial ou communautaire et avec une aisance qui n’a rien à envier aux sociétés occidentales. Seulement, le danger de basculer dans un individualisme débilitant   est omniprésent, d’où l’interpellation de notre proverbe : « La sagesse ne demeure pas dans la tête d’une seule personne. » L’être humain, si intelligent et cultivé soit-il, a besoin des autres. Personne ne peut se vanter de tout connaitre ou d’être suffisamment sage.

Dans la Bible, Dieu lui-même nous montre l’importance des conseillers. Il est écrit dans Proverbes 15 :22 : « Quand on ne consulte personne, les projets échouent, mais lorsqu’il y a beaucoup de conseillers, ils se réalisent. » (La Bible du Semeur). Il est donc sage de consulter d’autres personnes avant de prendre une décision importante ou de lancer un projet.

Même quand on est célèbre et respecté de tous, il faut se garder de fermer les oreilles aux remarques ou aux propositions des autres, si modestes soient-elles. Moïse était un grand prophète. Il avait l’approbation de Dieu et le respect de ses compatriotes. Toutefois, quand Jéthro, son beau-père, lui a fait des reproches sur son style de leadership et lui a proposé un autre style, il n’a pas balayé du revers de la main ses propositions. Il les a mis en pratique et cela a été une grande bénédiction tant pour Moïse que pour la communauté (Exode 18.21-23).  Ceci est un exemple à suivre pour les leaders chrétiens d’aujourd’hui.

Face à la délicate relation entre les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens, la première communauté chrétienne a eu la brillante idée de convoquer un concile à Jérusalem (voir Actes 15). Ce concile a permis de trancher le débat avec une sagesse évidente.   Quand plusieurs personnes invoquent la sagesse divine et se penchent sur un problème, la solution est plus facile à trouver.

Dieu nous a donné des dons différents. Il a aussi mis une mesure de sagesse en chacun. Sachons écouter les autres. Bien entendu, faisons preuve de discernement et  examinons tout conseil à la lumière des Saintes Écritures. Car, faut-il le souligner, Dieu demeure le meilleur conseiller. C’est lui  qui a dit : «Je vais t’instruire et t’indiquer le chemin que tu devras emprunter. Je serai ton conseiller, mes yeux veilleront sur toi.» (Psaume 32 :8).

En somme, ne nous replions jamais sur nous-mêmes car, comme l’ont si bien dit les Mafa, « La sagesse ne demeure pas dans la tête d’une seule personne. ». Sachons demander conseil aux autres. Sachons examiner les critiques, les remarques, et les propositions des gens que Dieu place sur notre chemin à la lumière de la Bible. Que Dieu nous vienne en aide !

(c) Copyright, Moussa Bongoyok, 2010

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