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QUAND L’ECHEC SEMBLE ETRE UN DESTIN

« To goddo wadi ma yawaare dow hifneere ma, ndika a sorra dawrawol ma haa a hebta nde. » (balndol Fulbe)

« Il est préférable de vendre sa gandoura pour récupérer sa chechia arrachée par mépris. » (proverbe peul)

« It is better to sell his gandoura to get his hat torn by contempt. » (Fulbe proverb).

Moralité : Aucun sacrifice n’est trop grand pour restaurer sa dignité.

(C’est Monsieur Ndjidda Oumarou Christian de Maroua dans l’Extrême-Nord du Cameroun qui nous a été envoyé ce proverbe que nous commentons avec joie. Nous l’en remercions et encourageons les internautes à nous faire parvenir des proverbes dans leurs langues maternelles).

 

Commentaire à la lumière de la Bible

Le début d’une nouvelle année est souvent accueilli avec une joie immense, entre autres raisons, parce qu’il nous donne l’espoir que nous pourrons enfin réaliser le rêve qui est resté longtemps en veilleuse, vaincre les défauts qui nous tiennent captifs, ou accomplir les merveilles qu’on a toujours contemplé à distance.

C’est donc avec cette ferveur quasi religieuse que nous nous empressons de faire des vœux, de prêcher à notre subconscient et de promettre parfois à nos prochains que plus rien ne sera comme avant. Parfois tout semble bien aller pendant les premiers jours, voire les premières semaines au grand étonnement des amis et des proches qui commencent à espérer et à jubiler intérieurement en se disant que cette fois-ci le changement positif tant attendu aura enfin lieu. Tout se passe alors comme si l’on voguait sur les nuages jusqu’au moment où, parfois, dès la seconde semaine, les vieux et terrifiants démons des mauvaises habitudes semblent se dresser sur le chemin. Comme le disent si bien les banguissois dans un savant mélange de sango et de français dont ils ont le secret, « Kobela ti biri a kiri na pouvoir » (le mal d’hier est revenu au pouvoir). Devant ce constant on ne peut plus amer, le découragement ne tarde pas à frapper à la porte du cœur. La honte, le silence et l’isolation qui s’en suivent finissent pas dérober le peu de détermination qui reste et à plonger inéluctablement de braves individus dans le gouffre du découragement et du d’espoir. Il n’est pas rare d’entendre les gens dire en de telles circonstance : Je n’y peux rien, c’est mon destin. Toute se passe comme si la vie avait arraché de force le chapeau de la dignité humaine qui faisait leur fierté. Et c’est justement en de telles circonstance que l sagesse peule est éloquente : « To goddo wadi ma yawaare dow hifneere ma, ndika a sorra dawrawol ma haa a hebta nde » (Il est préférable de vendre sa gandoura pour récupérer sa chechia arrachée par mépris).

Ce proverbe peul semble nous offrir une clé de succès très intéressante. Il s’agit ici de la situation embarrassante dans laquelle se trouve un homme qui s’est fait arracher sa chéchia par mépris. Quoique vêtu d’un grand boubou, il préfère le vendre pour restaurer sa dignité. Cela peut paraître absurde dans d’autres contextes, mais, dans la culture peule, l’honneur est sacré. Pour le restaurer aucun sacrifice n’est trop grand. L’idée est que celui ou celle qui est victime du mépris, consent à un sacrifice plus grand pour restaurer son honneur car, quoique le chapeau soit plus petit et moins cher que la gandoura, il symbolise la dignité. Ce proverbe peul reflète merveilleusement la sagesse divine car il est écrit dans Proverbes 22 :1 (Bible du Semeur): « Bon renom vaut mieux que grandes richesses, et l’estime des autres est plus précieuse que l’or et l’argent.” Le texte d’Eccl. 7:1 abonde dans le même sens. Que Dieu nous accorde la grâce de ne pas oublier cette recommandation biblique ! Valoriser la bonne renommée plus que les trésors ou consentir à des sacrifices pour retrouver dans sa dignité, c’est aussi reconnaître ses échecs, prendre le temps d’en considérer attentivement les raisons, rectifier le tir là où cela s’impose, et avoir le courage de recommencer sur des bases plus solides.

Refusons l’idée que l’échec est une fatalité. Chaque être humain peut mieux faire par la grâce de Dieu. Les échecs passés, si cuisants soient-ils, peuvent être le ferment d’une incroyable réussite future car on peut réussir même après plusieurs échecs lamentables. Mais, pour y arriver, ayons le courage de nous faire violence pour accepter de faire les choses autrement en puisant notre force en Dieu et en nous faisant entourer par des frères et sœurs mûrs dans la foi, expérimentés, sages, remplis de la crainte respectueuse de Dieu, et déterminés à cheminer fidèlement sur la voie du Seigneur.

 

La plus grande humiliation de la vie n’est pas de reconnaitre qu’on a besoin d’aide, de conseil, de soutien dans la prière, de formation ou d’encadrement pour vivre honorablement aux yeux de Dieu et de ses semblables. La plus grande honte est d’échouer en dépit d’énormes potentialités de réussite tout simplement parce qu’on a pas le courage de faire les choses autrement, d’écouter et de mettre en pratique les bons conseils, ou de marquer la différence en s’appuyant sur le Seigneur. Ne l’oublions jamais : aucun sacrifice n’est trop grand pour restaurer notre dignité.

Moussa Bongoyok

© Copyright by Moussa Bongoyok, 2015

LA DESINFORMATION EST UN DANGER PUBLIC

« Darbatani jinfu hinqabatani.»

« After you have thrown a spear, you cannot catch hold of its end. »

« Une fois qu’une lance est lancée,  on ne peut plus en attraper le bout.» (Proverbe oromo, Ethiopie)

 Signification : Une fois que quelque chose est fait, l’on ne peut pas le défaire même si l’on regrette de l’avoir fait.

Source : Diane Steward Wisdom from Africa : A Collection of African Proverbs. Cape Town : Struit Publishers, 2005. p. 158.  

Parallélisme biblique

Le journalisme est un métier très noble. Il rend d’énormes services à l’humanité. Les risques que prennent les journalistes à travers le monde imposent notre respect. Plusieurs d’entre eux ont été injustement menacés, terrorisés, vilipendés, humiliés, torturés, emprisonnés, kidnappés et même tués. Mais le devoir d’informer est si fort que rien ne peut les arrêter. Le reste de l’humanité devrait saluer davantage leur courage et leur apporter tout le soutien nécessaire. Toutefois, force est de relever que certains « faux » journalistes, au grand mépris de la déontologie journalistique, sombrent dans l’intoxication voire l’excitation à la violence pour des motifs inavoués. Par exemple, les anti-balaka de la République Centrafricaine sont présentés par de nombreux médias comme une milice chrétienne en dépit des protestations des leaders chrétiens de ce pays. D’ailleurs, les images de ces miliciens arborant ostensiblement un nombre impressionnant de gris-gris (ce qui traduit bien leurs convictions non-chrétiennes) et leurs agissements qui ne reflètent en rien les enseignements du Seigneur Jésus-Christ, devrait attirer l’attention des lecteurs et téléspectateurs avertis. Malheureusement, l’intoxication est telle  que la réalité est défigurée. Pire encore, cette désinformation ajoute de l’huile sur la flamme qui brûle une nation profondément meurtrie en opposant les chrétiens aux musulmans alors que les causes profondes de la crise qui déchire ce pays sont ailleurs. La communauté internationale doit  prendre très au sérieux cette situation au risque d’avoir sur sa conscience un génocide de plus dans un contexte mondial on ne peut plus fragile. La même observation est valable pour d’autres cas de désinformation à travers le monde. Il est grand temps que nous prenions en compte cette parole de sagesse oromo : « Une fois qu’une lance est lancée,  on ne peut plus en attraper le bout.» En effet, l’on peut maîtriser une lance qui est en sa possession mais une fois qu’elle est propulsée, elle échappe à tout contrôle. Une mûre réflexion s’impose donc avant de parler ou d’écrire. Dans ce sens, la sagesse oromo rejoint la sagesse biblique car il est écrit dans Proverbes 12 :18 : « Celui qui parle à la légère blesse comme une épée, tandis que la langue des sages apporte la guérison.” Proverbes 18 :21  abonde dans le même sens: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue: vous aurez à vous rassasier des fruits que votre langue aura produits.” L’épitre de Jacques s’entend longuement sur la langue et son usage (Jacques 3 :1-18). [Tous ces textes sont tirés de la Bible du Semeur]. En somme, la langue est aussi puissante qu’une épée. Elle est capable de blesser ou de guérir, de tuer ou de faire vivre. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Les paroles que nous prononçons sont parfois lourdes de conséquence, d’où l’importance de réfléchir profondément avant de dire quoi que ce soit. Heureusement, en ce qui concerne la parole ou l’écriture, il y a toujours une possibilité de limiter les dégâts en rectifiant le tir le plus tôt que possible. Nous espérons que les femmes et les hommes consciencieux de médias se mettront à pied d’œuvre pour qu’en Centrafrique et ailleurs, la vérité soit restaurée. Par-dessus tout, n’oublions jamais que tout être humain gagnerait à être un instrument de paix et de réconciliation et non de trouble et de déchirement des communautés car agir autrement c’est scier la branche sur laquelle l’on est assis.   © Copyright by Moussa Bongoyok, 2014.

LA BONTE BRISE LES CHAINES DE LA MECHANCETE

“Ba kar ki loué nvou be bele nding.”  (proverbe ewondo)

“On n’appelle pas le chien avec le fouet.” (proverb ewondo)

“One does not call a dog with a whip.” (Ewondo proverb)

Signification: On ne peut pas prétendre vouloir rassembler et réconcilier quand on fait preuve de méchanceté.

 (Proverbe recueilli par le Dr BECHE Emmanuel pour le compte de l’Institut Universitaire de Développement International/ Université Francophone de Développement International)

 

Parallélisme biblique

Décidemment, la forêt dense du pays ewondo recouvre un immense réservoir de sagesse. Les contes et les proverbes qui proviennent de cette région du Cameroun en sont des preuves éclatantes. Le proverbe qui nous intéresse présentement est particulièrement brillant : « On n’appelle pas le chien avec le fouet. »

L’image du chien utilisée ici est très révélatrice car cet animal occupe une place de choix parmi les animaux domestiques. On dirait même qu’il en est le roi. La preuve en est que le chien porte un nom et pas n’importe lequel. Certains chiens portent carrément les noms ou les titres des êtres humains, ce qui traduit leur importance aux yeux de leurs maîtres. Les chiens accompagnent les êtres humains dans nombre de leurs activités. Ils jouent plusieurs rôles fort utiles. Ils gardent  la maison, participent à la chasse, assurent dans une certaine mesure la sécurité des biens et des personnes, assistent les bergers, pour ne citer que cela. Certains chiens bien dressés servent fidèlement au niveau de la police, de la douane, de l’armée et même des centres de santé. Il n’est donc pas étonnant que le chien ait conquis le cœur de nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes.

Mais, le chien peut aussi être méchant, voire cruel. Seulement, quel que soit la méchanceté du chien, à moins qu’il ne soit enragé ou engagé dans une lutte féroce avec un autre chien au moment ou quelqu’un d’autre essaie de s’interposer, il attaque rarement son maître.  Qu’est-ce qui explique une telle loyauté ? Je suppose que l’attention et les nombreux gestes de bonté dont il bénéficie y sont pour quelque chose. C’est là où cet adage devient plus intéressant et livre sa quintessence: la bonté brise l’élan de la méchanceté.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, nos pensées s’envolent vers la République Centrafricaine et de nombreux autres pays à travers le monde qui traversent des situations on ne peut plus difficiles du fait que certains individus soient devenus une meute de chiens méchants prêts à dévorer des innocents. En dehors de la prière et des interventions des pays amis, que pouvons-nous faire pour arrêter le mal et prévenir les risques d’aggravation si rien n’est fait dans l’immédiat pour briser les liens de la méchanceté ? Il n’y a pas de formule magique. Cependant, si chacun cessait de lever un doigt accusateur vers les autres pour rentrer en soi-même, reconnaître ses propres défaillances (en son âme et conscience), et laisser Dieu brûler les racines de la méchanceté par le doux feu de son amour, la paix reviendrait. Nous assisterions donc à ce que le psaume 85 :10 décrit en de termes fort évocateurs : « Oui, son salut est près de ceux qui le craignent, Afin que la gloire habite dans notre pays. La bonté et la fidélité se rencontrent, La justice et la paix s’embrassent; La fidélité germe de la terre, Et la justice regarde du haut des cieux. L’Éternel aussi accordera le bonheur, Et notre terre donnera ses fruits. La justice marchera devant lui, Et imprimera ses pas sur le chemin (Version Louis Segond). »

Dieu est riche en bonté (cf. Exode 34 :6-7 ; Esaïe 54 :10 ; Lamentations 3 :22, Michée 7 :18). Ceux qui le craignent et qui veulent vraiment l’honorer doivent aussi faire preuve de bonté. C’est d’ailleurs sa volonté à l’égard de ses créatures et surtout des croyants (Michée 6 :8 ; 1 Corinthiens 13 :4 ;  Galates 5 :22, Colossiens 3 :12). Le Dieu qui aida Joseph à être bon envers ses frères qui l’ont pourtant vendu et qui donna à David la force morale de faire preuve de bonté envers le roi Saül (et sa famille) même quand celui-ci a tenté plusieurs fois de l’éliminer physiquement est « le même hier aujourd’hui et éternellement (Hébreux 13 :8).» Puisons en lui la force nécessaire pour manifester la bonté qui brise les chaînes de la méchanceté, car, ne l’oublions jamais, « on n’appelle pas un chien avec le fouet ».

Copyright © by Moussa Bongoyok, 2014.

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