“Nzi ambali a gi mè?” (N’gèlègèdma mafahai)
“A quoi sert-il d’être inactif?” (Proverbe mafa)
“What is the point of being inactive?” (Mafa proverb)
Signification: Au lieu de rester inactif, il vaut mieux exercer une activité. Une activité, même peu attrayante ou non lucrative, permet de maintenir sa dignité. Par contre, l’oisiveté avilit l’être humain.
Parallélisme biblique
Les Mafa ont une éthique du travail particulièrement solide. Ils ont plusieurs proverbes qui encouragent l’ardeur au travail et condamnent la paresse. Par ailleurs, dans la société traditionnelle Mafa, même les vieillards et les personnes handicapées participent aux divers travaux d’une manière ou d’une autre. Dans ce contexte, il est inconcevable qu’une personne valide et en bonne santé soit oisive. Le proverbe sur lequel nous réfléchissons aujourd’hui est souvent cité pour encourager ceux et celles qui se sentent gênés par le type d’activité qu’ils mènent pour leur survie. Cela nous fait penser à l’érudit français M. Le Roux de Lincy (1806-1869) qui disait à juste titre : « Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. »
L’idée que véhicule le proverbe mafa est que, comparativement à l’oisiveté, l’activité est noble. Avec une pointe d’humour et de paradoxe Potom Ndouva, le célèbre animateur du programme en langue Mafa sur les antennes de Radio Maroua (Extrême-Nord Cameroun), est allé jusqu’à que « celui ou celle qui achète un article à trente francs et le revend à vingt francs fait bien ». Bien entendu, dans l’esprit du proverbe Mafa, ce qui louable ici n’est pas la perte mais l’esprit d’initiative. En réalité, éviter de se croiser les bras n’est-ce pas déjà se projeter dans le cercle de ceux et celles qui finiront par gagner?
Une chose est sûre, la Bible condamne l’oisiveté avec énergie. Dieu nous a créé à son image (Genèse 1 :26) et l’un des aspects de cette imago dei, c’est le travail. Il n’est donc pas étonnant de voir que, même quand il plaça l’homme et la femme dans le merveilleux jardin d’Eden, il prit le soin de leur donner un cahier de charges bien précis : cultiver et garder le jardin (Genèse 2 :15). Le travail est donc un mandat divin. Il précède la chute et ses conséquences. Il n’est pas une malédiction. C’est plutôt un bien précieux, conformément à ce que nous lisons dans Proverbes 12 :27 : « Le paresseux ne fait pas rôtir son gibier; le bien le plus précieux de l’homme, c’est l’activité. » (La Bible du semeur). Un peu plus loin, dans le même livre, nous lisons ceci : « J’ai passé près du champ d’un paresseux et le long du vignoble d’un homme sans courage, et voici que les orties avaient tout envahi, les ronces recouvraient le sol et le muret de pierres était en ruines. En voyant cela, je me suis mis à réfléchir et j’ai tiré une leçon de ce que j’ai observé : ‘Je vais juste faire un petit somme, dis-tu, juste un peu m’assoupir, rien qu’un peu croiser les mains et rester couché un instant, mais pendant ce temps, la pauvreté s’introduit chez toi comme un rôdeur, et la misère comme un pillard. » (Proverbe 24 :30-34, La Bible du Semeur). Dans 2 Thessaloniciens 3 :10, la Bible déclare avec une rigueur sans faille: «Que celui qui refuse de travailler renonce aussi à manger»! (La Bible du semeur). L’oisiveté n’a donc pas sa place parmi nous.
Mais, est-on en droit de se demander, que faire quand on cherche en vain du travail ? Que faire quand on a perdu son emploi ? Ce sont des situations bien difficiles et nous n’avons pas de recette à proposer. Cependant, le Seigneur n’abandonne pas ses enfants. Il est donc sage de se tourner premièrement vers Dieu afin d’implorer son secours et sa sagesse. Il peut faire jaillir de l’eau même au milieu du désert du marché de travail. Ensuite, il est aussi recommandé de contacter des services compétents ou des amis qui pourraient indiquer des possibilités d’emploi. Parfois, si les moyens et les circonstances le permettent, on peut repartir à l’école pour mieux s’équiper dans son domaine de spécialisation ou même se former dans un autre domaine où il est plus facile de trouver un emploi. Nous avons connu des diplômés de grandes écoles qui se sont reconvertis en plombiers, infirmiers ou vendeurs de vêtements d’occasion (et la liste est loin d’être exhaustive) et qui gagnent honnêtement leur vie. Certaines personnes s’engagent comme volontaires dans certaines organisations et finissent par y trouver un débouché ou par y rencontrer des personnes qui leur donnent des indications précieuses qui leur ouvrent des portes d’emplois décents. D’autres trouvent leur compte dans la création de leurs propres entreprises, même modestes. Dans tous les cas, il est mille fois préférable de se battre dans la vie en s’appuyant sur le Seigneur que de rester les bras croisés.
© Copyright, Moussa Bongoyok, 2010.