Nàjä kä tà lò söl tä i käla bajäl (Proverbe Sara du Tchad)
La parole du soir est la queue du margouillat (lézard) noir. (Proverbe Sara du Tchad)
A word spoken at evening time is the tail of the black lizard [It is without value] (Sara Proverb)
Sens : « La queue du margouillat noir est bicolore, rayée blanche et brune. L’entretien du soir n’a pas de valeur. Les choses sérieuses sont communiquées le matin, après le repos de la nuit; sans la fatigue du travail ni l’abrutissement de l’alcool. » Source : http://www.tchad.org/recherche/proverbes/sara.html
Parallélisme biblique
Chez les Sara comme dans de nombreux autres groupes ethniques d’Afrique, les choses sérieuses se traitent tôt le matin quand l’esprit est plus alerte. Même dans les sociétés traditionnelles, les gens n’avaient pas besoin de cours de psychologie afin de déterminer que la soirée n’était pas le meilleur moment pour communiquer. En effet, la fatigue de la journée, le stress ou l’ivresse sont autant d’obstacles à une saine communication en cette periode de la journée. Voilà pourquoi les Sara disent : « La parole du soir est la queue du margouillat noir. » Un principe intéressant se dégage de ce proverbe : Il est d’une extrême importance de choisir le bon moment pour parler.
C’est justement ce que la Bible enseigne. Tout d’abord, il faudrait savoir si c’est important de parler. Les Saintes Ecritures sont claires là-dessus : Il y a un «…temps pour garder le silence et un temps pour parler.» (Ecclésiaste 3 :7b, La Bible du Semeur). Parfois, comme l’a si bien dit Alfred de Vigny dans l’un de ses poèmes, « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse. » Le plus souvent, on regrette d’avoir parlé ou d’avoir trop parlé mais on regrette rarement de s’être tu. Il arrive même que le silence soit plus audible que le cri le plus perçant. Je suis persuadé que Pilate fut torturé par le silence du Christ qui répondit à sa question par un lourd et divin silence dans Jean 19 : 8.
Avant de questionner le jeune égyptien affamé, David lui a d’abord donné de la nourriture à manger et de l’eau à boire (1 Samuel 30 :9-15). Avant de parler au Prophète Elie qui était alors victime du découragement, Dieu lui a d’abord envoyé un ange pour le nourrir et l’a laissé marcher pendant quarante jours et quarante nuits (1 Rois 19 :1-18). Dans ces deux cas, une action concrète était nécessaire avant la parole. Cela a donné plus de poids et d’efficacité à la parole. Dieu seul sait le nombre de fois où nous avons parlé, bavardé, organisé de grandes conférences alors qu’une action simple mais concrète aurait suffi pour ouvrir la porte de solutions. Pourtant, Dieu nous a donné deux oreilles, deux mains et deux pieds mais une seule bouche. N’est-ce pas une manière de nous dire qu’il est plus important d’écouter et d’agir que de parler ?
Bien sûr, la parole est aussi importante surtout quand elle est dite au bon moment. Seulement, il ne suffit pas de parler pour le simple plaisir de le faire. Il faudrait que la parole soit utile. Voilà pourquoi un homme ou une femme sage a intérêt à réfléchir mûrement avant de parler. Avant d’ouvrir la bouche, il ou elle devrait se poser sincèrement les questions suivantes : Pourquoi faut-il parler ? Quand parler ? Que dire ? Comment le dire ?
Peser les mots qu’on utilise est d’une importance capitale. Une parole dite à propos est une source de joie comme le dit si bien Proverbes 15 :23 : « Savoir donner la bonne réponse est une source de joie, et combien est agréable une parole dite à propos. » (La Bible du Semeur). C’est aussi une source de guérison selon Proverbes 12 :18 où il est écrit : « Les paroles des bavards blessent comme des coups d’épée, tandis que le langage des sages est comme un baume qui guérit. » (La Bible du Semeur).
L’image de l’épée utilisée dans Proverbes 12 :18 est assez éloquente. En effet, la parole est comme une épée. Elle peut facilement blesser, voire tuer, si elle n’est pas utilisée correctement. Dans le même ordre d’idées, Jacques la compare à un petit feu capable de brûler une grande forêt (Jacques 3 :5-6). D’où la nécessité de la manipuler avec une extrême prudence.
Cette prudence est nécessaire même dans le domaine spirituel. Par exemple, il arrive que nous soyons tellement pris par la vapeur de nos sentiments religieux que des promesses jaillissent de nos cœurs pourtant bien-intentionnés et sortent de notre bouche sans passer par le creuset de la mûre réflexion. Mais même à ce niveau-la, il faut savoir se maîtriser. Dieu lui-même nous invite à réfléchir avant de faire des vœux (Voir Proverbes 20 :25 et Ecclésiastes 5 :25).
S’il convient de réfléchir avant de promettre quelque chose au Seigneur, il le faut davantage avant de prendre une décision ou de prononcer un mot lourd de conséquences pour nous-mêmes et pour nos semblables. Il convient également de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour que toute parole prononcée le soit dans un cadre approprié. Les Sara l’ont bien compris. Qu’en est-il pour nous ?
Combien de temps prenons-nous dans la prière et la réflexion avant de parler ? Quel moment choisissons-nous pour parler à ceux et celles qui sont autour de nous ? Quelle heure choisissons-nous pour les réunions importantes, les jugements et les examens ? Les réponses peuvent varier d’un individu à un autre et d’un contexte à un autre mais le principe est clair : nous devons réfléchir avant d’ouvrir la bouche; et, s’il est nécessaire de parler, nous devons être suffisamment sages pour ne pas le faire à un moment où les gens sont distraits, tendus, stressés, fatigués, ou sous une mauvaise influence. En agissant ainsi, nous procurerons la joie, la réconciliation, et la guérison. Que le Seigneur nous vienne en aide !
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