Munyal deefan hayre (balndol fulbe).
Avec beaucoup de patience l’on peut cuire même une pierre (proverbe fulbe).
Patience can cook a stone (Fulbe proverb).
Signification: A force de patienter, on peut surmonter les situations les plus difficiles, résoudre les problèmes les plus tenaces.
Parallélisme biblique
Les Fulbe se distinguent par leur code de conduite qu’on appelle le pulaaku. Trois éléments clés caractérisent le pulaaku: la sagesse (hakkilo), la modestie (semteende) et la patience (munyal). Chaque élément est essentiel pour la survie dans un environnement de plus en plus hostile, surtout pour les Fulbe nomades et semi-nomades. Mais la patience occupe une place de choix dans le pulaaku car une personne peut être sage et modeste, mais si elle manque de patience elle perd tout le bénéfice des deux autres vertus. La patience et donc comme une corde qui attache le fagot des vertus.
Les Fulbe ont raison d’accorder une importance particulière à la patience. En effet, face à l’adversité, aux frustrations et aux épreuves de la vie, l’être humain peut perdre facilement patience. Ceci est particulièrement visible dans notre génération où la course a atteint une vitesse vertigineuse. Quand on appuie sur un bouton, on s’attend à un effet immédiat. Les machines sont de plus en rapides mais on se plaint toujours de leur lenteur et les savants se battent jour et nuit pour inventer des appareils de plus en plus performants. Il n’y a qu’a comparer la vitesse des ordinateurs des années 1990 par exemple, à celles que nous utilisons aujourd’hui. Le fossé est trop grand entre les deux générations d’ordinateurs mais l’être humain demeure insatisfait.
Le progrès n’est pas nécessairement mauvais nous ne voulons nullement insinuer qu’il faudrait freiner l’élan des chercheurs et des inventeurs. Seulement, au même moment où l’humanité pense à la meilleure manière de surmonter les obstacles externes, il lui faudrait aussi déployer autant d’énergie – sinon plus – pour en venir à bout aux obstacles internes. L’impatience est l’un de ces obstacles externes. Aujourd’hui, de nombreuses vies sont ruinées parce que certaines personnes n’ont pas su attendre un peu avant d’agir, réfléchir avant de décider, analyser la situation avant de juger, se renseigner ou demander conseil avant de choisir… De nombreux foyers sont déchirés ou se déchirent parce que l’homme ou la femme ne fait pas preuve de patience et pense tout de suite que le divorce est la solution idéale. De nombreuses personnes ont échoué à la dernière minute alors qu’un petit effort aurait suffit pour qu’elles récoltent enfin le fruit de leurs durs labeurs. De nombreux groupes, de nombreux pays, sont en guerre parce que la pression de la colère a fait sauter le frein de la patience alors qu’un peu de dialogue aurait parfois suffi pour atteindre le feu du conflit. On pourrait multiplier les exemples mais l’essentiel est là : nous avons besoin de la patience.
La Bible présente la patience étant l’une des principales vertus. Dieu lui-même est patient (Romains 2:4 et15:5; 2 Pierre 3:9). Dans Ecclésiastes 7 :8b, il est écrit: “…Mieux vaut un esprit patient que prétentieux.” (La Bible du Semeur). Il aussi intéressant de relever que la patience est non seulement l’un des neuf fruits de l’Esprit (Galates 5:22), mais aussi l’une des vertus que chacun doit s’efforcer de rechercher (2 Pierre 1:6). En outre, la patience est l’une des valeurs qu’un homme ou une femme de Dieu doit poursuivre en lieu et place de l’amour de l’argent (1 Timothée 6:11). Les croyants et les croyantes sont exhortés à la patience. Le texte d’Hébreux 6 : 10-12 dit : « Car Dieu n’est pas injuste au point d’oublier l’activité que vous avez déployée, par amour pour lui, dans les services que vous avez rendus -et que vous rendez encore – à ceux qui lui appartiennent. Mais nous désirons que chacun de vous fasse preuve du même zèle pour amener votre espérance à son plein épanouissement jusqu’à la fin. Ainsi vous ne vous relâcherez pas, mais vous imiterez ceux qui, par leur foi et leur attente patiente, reçoivent l’héritage promis. » (La Bible du Semeur).
Celui de Jacques 5 :7-11 souligne aussi l’importance de la patience en prenant même des exemples concrets de personnes qui ont fait preuve de patience et des bons résultats qu’ils ont obtenus. Nous y lisons ceci : « Frères, patientez donc jusqu’à ce que le Seigneur vienne. Pensez au cultivateur: il attend les précieuses récoltes de sa terre. Il prend patience à leur égard, jusqu’à ce que tombent les pluies de l’automne et du printemps. Vous aussi, prenez patience, soyez pleins de courage, car la venue du Seigneur est proche. Ne vous répandez pas en plaintes les uns contre les autres, frères, si vous ne voulez pas être condamnés. Voici que le Juge se tient déjà devant la porte. Frères, prenez comme modèles de patience persévérante dans la souffrance les prophètes qui ont parlé de la part du Seigneur. Oui, nous disons bienheureux ceux qui ont tenu bon. Vous avez entendu comment Job a supporté la souffrance. Vous savez ce que le Seigneur a finalement fait en sa faveur, parce que le Seigneur est plein de bonté et de compassion. » (La Bible du Semeur)
Il nous faut vraiment cultiver la patience. Une personne ou une société sans patience est comme un véhicule sans frein. Les dégâts sont inévitables. Dieu, notre créateur, nous connait. Il sait que nous avons besoin de la patience. La patience peut, à priori, être perçue comme un signe de faiblesse par ceux ou celles qui ne sont pas sages. Mais, à la longue, elle finit par faire des merveilles sous le regard bienveillant du Seigneur. Elle est capable de faire tomber les barrières les plus insurmontables ou de percer le roc le plus dur. Ecoutons la voix de la sagesse divine qui nous exhorte à la patience, et nous verrons les merveilles du Seigneur dans notre vie et dans celle de nos prochains.
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